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Le quartier de Belleville héberge des pépites. Dans la rue Mont Louis, un excellent bar à vin Le Yard et son cheffe cuisinier dans le restaurant contiguë. Une façon d'ouvrir ses sens avant d'aller au concert au Pan Pipper dans l'impasse voisine.
Ce soir, au programme découverte de La Pieta, dont j'ai souvent entendu parler à Sète, et retrouvailles des Montpellierains Dimoné.
La scène est tapissé de lourds rideaux rouges, ceux qui forment des rouleaux de vagues dans leurs replis. La lumière crée une ambiance intime de cabaret. Quelques tables sont disposées au bord, parfait pour apprécier le spectacle. Le piano à queue ouvert travaille mon imaginaire, et j'y vois dans son reflet un vaisseau marin de science fiction.
La Pieta, Virginie pour les habitués, sort de l'ombre et nous laisse apparaitre son sex-appeal. Poitrine présentée comme sur un plateau, taille marquée par une guepière, dos lacé, jupette à volant courte laisse apparaitre ses jambes qui se terminent par des bottes bien plantée dans le sol.
Dés les premières notes, elle nous saisit par ses textes d'une mélancolie sur le fil du rasoir. Elle racle ses souvenirs passionnées et parle de ses doutes, de ses gadins. Elle est entière La Pieta quand elle aime. Elle nous déploie sa grâce dans les ombres lumineuses, et révèle ses cris et ses coups de gueule sous les projecteurs. Rageuse, elle tape des pieds. Tendre, elle joue du regard, attentive à Thomas son pianiste. Réactive, elle secoue le public Parisien, trop mou à son goût. Elle ne mâche pas ses mots de toutes ses dents de louve, et elle vient nous chercher pour chanter encore plus fort et nous permet de vibrer ensemble!
Elle porte son histoire intime, vraie ou contée, et nous la clame. Son timbre de voix devient affectueux quand elle remerciera sa maman, présente pour l'occasion. Elle est mi ange/ mi démon. L'artiste qui l'a invitée à venir pour la première partie, justement s'appelle Dimone.
C'est un duo, Dominique et Jean Christophe. Je ne les avais pas revu depuis 5 ans environ. Après ces nombreuses années de groupe Dimoné, ils se sont consacrés, chacun de leur côté, à d'autres projets personnels. Ce soir c'est la retrouvaille de leur alchimie.
Dominique ne porte plus de jean noir 501, ni de blouson en cuir. Il a toujours ces bottines noires qui accompagnent ses pas.
Jean Christophe a gardé sa chevelure frisée d'enfant, son foulard noué et ses pieds nus, en Roda Scott masculin.
La finesse et l'élégance naturelles réunissent les 2 hommes. Ils se connaissent bien et d'un seul regard ils se comprennent. Dominique exprime à Jean Christophe son amour, sur le ton de l'humour, mais il a peut être la sensation que leur amitié créative vaut de l'or et suscite cette émotion.
De nouveaux textes pénètrent dans nos oreilles, coquillages qui gardent le souffle entre chaque paragraphe. Une pointe d'autobiographie se révèle entre les lignes. Les mois de confinement ont alimenté les pensées, les réflexions, les pensées, les relations. La vie file, les vagues roulent, et leurs mouvements appellent des mouvements sans aller et retour.
Le duo des deux amis s'est équilibré. Le pianiste a autant d'importance que le chanteur. Il n'y a plus de guitare électrique. Un travail épuré, de textes travaillées en musique. Une ambiance de cabaret remplie de voiles lumineux qui appuient leurs expressions, rendant leurs moindres gestes centraux.
Les sonorités des deux chansons d'anciens répertoires, semblent façonnées par le temps. Elles résonnent dans l'actualité d'aujourd'hui
" C'est la guerre autour de nous , mon amour.. " Je réalise en une fraction de secondes comment tant de choses se sont passées depuis ses premiers refrains joyeux, à l'époque...
Dominique regarde Jean Christophe régulièrement, le taquine, se rapproche pour un partage des touches du piano de façon endiablée. Sacré Dimoné!! Il reste un enfant du Sud, et plonge avec plaisir sous le piano, partant en glissade sur le plancher.
Dimoné, démon en Occitan, nous aura diablement apporté leur générosité créative. Les mots font des montagnes russes dans les rimes métaphoriques de Dominique, enveloppés des notes de musique imaginées par Jean Christophe, discret prince musicien amateur de symphonies.
Le public Parisien leur a montré toute leur admiration et leur affection pour certains. Ce vent du Sud a balayé notre grisaille hivernale pendant une soirée, et c'était Bien!
Sylvie Lefrere
La Piéta en première partie de Dimoné , à la salle de concert Pan Piper
23.01.23
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