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10 mars 2019 7 10 /03 /mars /2019 14:42

Je m'appelle Constance Leclair. J'ai 25 ans.

Je suis en vie. Je suis vivante. Je suis dans cet espace de grandir. Je n'ai jamais supporté d'être petite. En taille, en faire. Les droits et les interdits. Les cadres et interdits.J'ai besoin de déborder pour grandir comme je l'entends, sinon je vais devenir sourde. J'ai besoin d'être à l'écoute. J'ai besoin d'être entourée par les autres, ceux avec qui je vais développer une entente, pour m'imprégner de ce monde en porosité, en confiance.

Enfant, qui m'a fait confiance ? Je ne sais plus, je ne sais pas. Mais aujourd'hui, quand une confiance pointe, je la sens comme une exception. Un cadeau bien plus important qu'une simple boite à ouvrir. La confiance, je la perçois comme une enveloppe. Tout à coup rassurante, qui me recouvre en baume bienfaiteur et qui me porte au dessus du sol. Elle m'élève...

Petite, j'ai eu trop peu cette sensation. J'ai été trop petite jusqu'à ma majorité. Puis, j'ai eu enfin un souffle. Celui de l'émancipation. Mon prénom et mon nom trouvaient toute leur place, «  Constance Leclair ». Une voie s'éclairait dans la constance de mes choix. Enfin j'étais libre de choisir. De faire ce dont j'avais envie, D'aller où je le désirais, en me donnant les moyens de ne plus subir.

Grandir c'est être tiré vers le haut, accompagnée, rassurée. Si la solitude de l'enfant domine dans ce monde de pouvoir d'adulte, le parcours est long, si long, trop long.

J'ai vécu ce sentiment de ne pas me sentir à ma place. De ne pas savoir quoi dire. De ne pas apprécier le lieu où je me trouve. De subir l'ennui.

Cette émancipation, je me la crée un peu chaque jour depuis mes 18 ans. Je me sens en construction, pas à pas, cherchant à satisfaire, dans la mesure du possible, mes explorations.

Je découvre le sentiment de la joie devant le renouvellement permanent. J'avance sans cesse. Jusqu'où j'irai ? Qu'importe. Les opportunités sont là à ma portée et favorisent cette confiance qui ne m'a jamais été transmise.

Je suis comme une féline, intuitive, observatrice, qui cultive sa force et sa douceur. J'ai soif d'apprendre et me laisse griser. Parfois je suis dans une excitation de pilote de course. Je frôle des dangers, ne mesure pas toujours les risques, mais aborde les tournants avec adresse. Quelques embardés me bousculent et je retrouve ma trajectoire.

Elle me tire vers ce grandir. J'ai peut être stoppé ma croissance mais pas mon ascension. J'ai l'impression que je vais découvrir tous les métiers : Explorateur, pilote de formule 1, guide de montagne, soignant...

La vie me réserve cette panoplie de déguisements que je vais revêtir tour à tour. Dans ces jeux de rôles, je vais chercher l'enveloppe qui me conviendra. Je la cherche encore. Les années vont défiler et m'accompagner dans cette quête.

Un linceul sera peut être un jour celui qui me siéra le mieux, mais mon corps gardera les empreintes de toutes ces expériences de vie. Les autres l'apercevront à travers les sillons de mes rides, l'éclair de mes yeux, la constance de mon humeur...

Je suis Constance Leclair, 25 ans, en sursis, en grandir permanent dans ma vie propre.

Sylvie Lefrere. 

 

 

 

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22 décembre 2018 6 22 /12 /décembre /2018 05:00

Nous sommes dessous. Sous le toit du 104. Sous les anciens bâtiments du service municipal des pompes funèbres Parisiennes.  Sous le Chapiteau du cirque Trottola.

Ils sont dessous. Sous la piste. Sous le plancher. Ils c'est Bonaventure Gacon et sa complice Titoune. Ils sortent de ce dessous, comme des égoutiers sortiraient des sous sols.

Dans ce monde noir sous terrain, qui pourrait être le nôtre aujourd'hui, dans cette morosité nous allons entrevoir un changement de paradigme. Ils vont nous élever vers une histoire d'origine, une quête de fondamentaux. Nos cœurs vont battre au rythme des leurs. Ils vont nous ressusciter dans le monde des vivants. Ceux qui œuvrent, qui pétrissent des valeurs et de l'amour.

Bonaventure, est une bonne nature, une force de la nature, un danseur doux impertinent à la forte voix rocailleuse ou chuchotante.

Titoune, elle est le crabe tambour au féminin. Celle qui n'a pas voulu grandir, en restant dans son corps juvénile, gardant le timbre de voix d'un jeune enfant qui ne mue pas. Ils s'opposent et se rejoignent.

Ils sont beaux dans leurs costumes surannées intemporels. Ils sont accompagnés par deux musiciens bienveillants, virtuoses et créatifs pour compléter l'équipe.

Sous nos yeux, nous allons être témoins d'un espace de vie hors du temps. Nous allons être touchés par la grâce, impressionnés par la légèreté habitée relayée par la force, émus par cette mise en scène sobre et puissante, secoués par des salves de rire qui découlent vers des larmes d'émotion.

Nous sommes tous réunis dans cet espace temps. Il n'a plus de pression sur nous. Nous prenons de la hauteur en cherchant à les suivre dans leur ascension. Nous sommes transposés vers une histoire de Strada moderne, au fin fond du 19eme arrondissement. Un lieu où la vie nous réveille. Nous révèle que le temps est notre allié. Le cirque Trottola nous offre ce moment privilégié.

Le sol tremble, puis se transforme en puzzle qui s'ouvre et se referme, en complexité éclairante.

Du sous sol, en suivant leurs corps, nous sommes en route pour atteindre le merveilleux qui pourrait nous soulever.

Nos respirations s'arrêtent quelques secondes devant les exploits. Nos yeux se rivent sur les tournoiement de l'échelle qui devient les aiguilles porteuses d'une magnifique déclaration d'amour à la vie, à l'amour. Bonaventure par la force de ses cris, la douceur de ses grognements, le poids de ses mots, nous enveloppe dans son monde et nous le fait partager pendant cette heure et demie.

Nous apercevons, pour ceux qui le connaisse, "Le Boudu", son personnage de clown à l'impertinence décapante. Il nous fait prendre conscience comment par un jeu d'enfantillages, la nature humaine peut être détachée et violente face à une personne fragile et démunie.

Nous sommes au cœur de notre monde contemporain. Sans voir le plus petit, le dessous, le souterrain. Nous sommes, sans nous en rendre compte, dans un non espace, perdus, cherchant la fin du tunnel.

L'image de Denis Lavant sortant de sa bouche d'égout dans le film "Tokyo" m'apparait. Comment l'être différent, est reclus, isolé dans la folie.

Ce soir, la folie nous la goutons, nous l'habitons. Petits et grands, groupe de personnes brassées, nous investissons un autre monde. Il ne nous quittera certainement plus dans nos mémoires.

Comme des enfants, nous garderons ses images et ses émotions qui nous ont fait un peu grandir, nous entrainer vers un ailleurs.

Après une joyeuse chanson aux accents Italiens, accompagnée de multiples tintements de petites clochette, une cloche de 800 kg va jaillir et s'élever pour nous sonner l'esprit. Bonaventure et Titoune vont tournoyer comme des toupies ( Trottola en Italien), rebondir tout autour, dans leur corps gracieux individuels qui les réunis en un seul bedeau. C'est la seule personne laïque dans une église. Le chapiteau se transforme en édifice, nous laissant dans un silence religieux. Face à notre histoire d'origine, de la terre tremblante à sa création jusqu'à cette sonorité cristalline qui nous laisse entrevoir d'autres cieux, ceux de "Campana".

Merci à ce quatuor merveilleux qui a éclairé le ciel pluvieux en une voie lactée lumineuse. Un joli cadeau !

Sylvie Lefrere

" Campana" du Cirque Trottola au Centquatre à Paris du 23/11 au 22/12/18.

https://cirque-trottola.org/la-tournee/?fbclid=IwAR0loe7NSXglsc1tQRS9B748rhOB6oayvCF_hPLpyRWcDmCKn3ky_rzx4ic

 

 

 

 

 

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2 décembre 2018 7 02 /12 /décembre /2018 21:06

Du noir apparait une bande lumineuse devant nos assiettes éclairant nos verres. Nous sommes 100 spectateurs, invités à être venus nous asseoir devant de grandes tables. 

Maguelone ouvre la soirée en faisant vibrer des sons électroniques. Ses grands bras tournent de tous côtés, comme les tentacules d'une pieuvre nous ventousant. Nous allons être immergé dans un espace inconnu d'éveil des sens. Après sa création " Le coeur du son" la voici qui,  avec la complicité de 3 musiciens, nous entraine dans le ventre d'un volcan.

Claudius, cuisinier, apportent des marmites. Maguelone nous fait écouter au plus près le bouillonnement du liquide. La fumée s'en échappe, vient frôler nos narines, et nous apporter le délicieux fumet.

Didier, violoncelliste, et Christian, musicien électronique, font écho grâce au corps de leurs instruments, et de la profondeur de leurs  cordes vocales. Le voyage abyssal continu.

Des claquements de talons nous en font sortir, pour découvrir Philippe, percussionniste. Ses doigts pianotent sur le billot, se saisissent des fouets, en réponse aux gestes du cuisinier. Il lui fait face comme un coq de basse cour, puis lui tourne autour, jusqu'à utiliser les différentes parties de son corps en caisse de résonance. Mais le dos de Claudius ne tressaille pas et il continue avec soin son travail imperturbable.

Ils vont  être tour à tour acteur, chanteur, instrumentiste, chef d'orchestre.

Maguelone, continue de nous entrainer dans son voyage. Son saxophone plonge dans un évier rempli d'eau. Nous nous surprenons à retrouver dans ses notes, le chant des baleines.

Notre corps est en mouvement. Nous nous tournons régulièrement vers les quatre coins cardinaux pour découvrir les performances des musiciens et du cuisinier. Ses couteaux, et ciseaux deviennent des instruments "domestiques".

L'odeur du plat mijoté se répand dans toute la salle, excitant un peu plus nos papilles. La bourride de seiche va être bientôt à point.

Des temps de silence trouvent toute leur place. Nous sommes là, tous concentrés, tendant le cou au moindre son imperceptible.

Le batteur électrique vrombit. Maguelone quitte ses tentacules pour laisser onduler son corps longiligne dans des rythmes jazzy's, et libérer son timbre de voix.

Un tintement de clochette fait naitre d'autres sons similaires dans leurs mains. Ils correspondent pendant les dernières minutes de ce préparatif "sonoculinaire". Claudius, ce soir dépasse son rôle de chef cuisinier pour croiser celui de chef d'orchestre et apporter la touche finale.

De la pénombre un " pep" de bouchon de bouteille se fait entendre. Chaque musicien prend l'enveloppe d'un serveur  souriant qui se présente à chaque table, pour apporter de quoi nous régaler et échanger.

Nous sommes dans un état de détente complet, en interaction avec nos voisins de table, tous témoins privilégiés de ce travail précis de Maguelone, à la fois musical, dramaturgique et performante. Cette écriture est aussi scènographique et lumineuse élaborée, pour ces aspects, en étroite réflexion avec Emmanuelle Debeusscher   ( scénographie) Lais Foulc ( créatrice lumière) et Emilie Rousset ( regard extérieur). 

Nous nous sommes  réfugiés dans les bras de ces pieuvres pour assouvir nos  tentations de  gourmands, ouverts sur ce qui les entourent.

Le voyage est déjà fini, mais nous en gardons une mémoire sensorielle d'enfant.

Sylvie Lefrere

" La tentation des pieuvres" de Maguelone Vidal. Nouveau théâtre de Montreuil le 30 novembre et 1er decembre 2018, dans le cadre de la 6ème édition du festival "mesure pour mesure".

A la Philharmonie de Paris, le 16 décembre 2018.

 

 

 

 

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16 novembre 2018 5 16 /11 /novembre /2018 23:55

Dans la petite salle Jean Tardieu du théâtre du Rond Point, au bord des lumières du flot des Champs Elysées, se joue un texte essentiel, «  Laika » d'Ascanio Celestini, porté par David Murgia, frêle silhouette perdue dans sa veste, mais dont la stature de son jeu l'habille, enveloppé par le souffle de sa parole. Il remplit tout l'espace. Ces deux grands se sont trouvés depuis 2012 à travers «  Discours à la nation », œuvre remarquée au festival Off d' Avignon.

Ce soir le théâtre est bondé, pour y accueillir une foule, dont les convives du restaurant, lui aussi bondé. Ils vont pouvoir ensuite se déverser dans la grande salle, vers " Le banquet" pièce de Mathilda Mey, où un public va pouvoir savourer son vécu d'entre soi.

Nous sommes quelques spectateurs à nous glisser vers la porte du bas. Une hôtesse nous invite à laisser la place libre au ballet des serveurs, et nous refoule délicatement vers l'escalier. La pièce commence t-'elle déjà?

En effet, Ascanio Celestini est un auteur haut défenseur des valeurs sociales populaires. Ici sait-il que l'actualité se joue dés le devant les battants de la  porte? 

Sur scène, un petit rideau rouge nous rappelle que nous sommes au théâtre, avec pour seul décor quelques caisses superposées, des lampes disposées sur le sol, et un accordéoniste qui accompagnera David Murgia, et lui permettra  de respirer et de mieux repartir encore et encore...

Dans cette société où grandit les croyances religieuses extrémistes, nous nous rapprochons d'une salle de bar de quartier, petite lucarne sociétale, où  les clients refont le monde sans bouger un orteil. Pas très loin, un dieu, celui qui questionne. Le sens du savoir reprend sa place, la monnaie redevient le franc, Stephen Hawking, scientifique du Big Bang, est encore vivant. Nous sommes dans un contexte intemporel, si loin, si proche.

Les mots entonnés par David Murgia nous engloutissent dans la vraie vie, et nous fait plonger dans le monde des petites gens, ceux qu'on ne remarque plus, " Les invisibles". Notre regard va se poser plus facilement sur la couleur vive du pull du directeur du lieu, sur le manteau panthère d'une belle jeune fille..." Les visibles".

David déroule l'histoire imaginée sortie du quotidien concret dans un immeuble et son quartier, dans l'usine et le supermarché voisins. Cela peut se passer à Rome, à Paris, ou ailleurs. On ne peut s'empêcher de penser au cinéma de Pier Paolo Pasolini, de Robert Guédiguian. Dans une Europe où ce Dieu pourrait nous réunir dans nos cultures communes. Il questionne le sens des mots, en lien avec le sens des actes. Nous sommes emportés par cette salve de mots. son timbre de voix nous martèle. Ses chants, nous entrainent à la dérive, à tous les étages, entre rires et émotions. Nos yeux s'humectent. L'humanité déborde.

Le texte d'Ascanio Celestini est une empreinte qui ne nous quittera plus. On respire le parfum de pneus de la prostituée, on croise le regard de cette femme à la mémoire qui flanche, on pose la main sur l'épaule du clochard, on entend les cris de travailleurs noirs que les policiers balayent de façon musclée.

Nous nous surprenons tout à coup à nous demander quand nous prenons le temps pour prier, quand nous regardons autrement émerveillés la voute céleste de Mr Celestini, quand nous redécouvrons fascinés la sciences du Big Bang. La tête un peu plus haut dans les étoiles, nous touchons plus fortement l'âpreté de l'asphalte.

Les messages de ce dieu prennent tout leur sens dans la langue de "Davidascaniomurgiacelestini". Ils font corps, et avec le public nous faisons âme.

Les bourgeois entendent ils si fort ce qui est clamé: "Le Prodige". Existe t'-il?  Oui, pendant quelques fractions de secondes, dans l'éclat du Big Bang, au pied d'un immeuble de cité.  Il a eu lieu un miracle, grâce à 3 personnages fragiles de notre société: Une vieille, un faux aveugle, et une prostituée. Ils sont devenus les héros, les représentants de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.

Un exemple qui prouve comment dans un élan tout peut basculer, grâce à une énergie individuelle qui créée un groupe engagé dans les même valeurs, sans pour autant jouer de son pouvoir. Juste en remettant du sens dans l'humain, entre pensée et action.

Ce soir, on peut imaginer que Laika, petite chienne, « celle qui aboie », nous regarde du haut de la stratosphère.

Sylvie Lefrere

" Laika" d'Ascanio Celestini au théâtre du Rond Point, du 10 octobre au 10 novembre.

https://www.theatredurondpoint.fr/spectacle/laika/

https://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Laika/videos/Laika-Ascanio-Celestini-presentation-par-David-Murgia-12415?autostart

 

 

 

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30 juin 2018 6 30 /06 /juin /2018 17:17

Il sont 17. Nous oublions les traditionnels 12 hommes en colères, pour découvrir ces 17 jeunes étudiants, filles et garçons, aux beautés singulières. Ils représentent une certaine jeunesse d'aujourd'hui. Celle du bord de notre frontière. Dans un pays neutre. Ils sortent de leur tour d'ivoire pour atteindre les rives du sud. Tiago Rodrigues les a accueilli de l'autre côté des frontières, de l'autre côté de la mer Méditerranée, où naviguent tant de migrants. Pour gagner du temps, ils ont  prit l'avion pour cette dernière expérience de promotion.

" On est pas sérieux quand  on a 17 ans " écrivait Rimbaud. Du haut de leurs vingtaines d'années, ils  ont décidé de partir de la notion " ça ne se passe jamais comme prévu".

L'avenir n'est pas tout tracé pour ceux qui prennent des risques. Leurs regards sur l'avenir  va courir dans les ruelles de Lisbonne, ville perspective, qui du haut de ses Belvédères, ouvre le regard sur l'embouchure lumineuse du Tages. Ces jeunes gens en sont là. Ils sont sur la rive, à l'entrée de leur vie trépidante, ouverte sur l'immensité de la mer à leurs pieds. A eux de prendre le large et d'apprendre à naviguer, contre vents et marées. 

Avant de partir,  16 lettres découvertes dans un tiroir sont le prétexte de dire "Adieu". Ils partent tour à tour sans se retourner. Entre joie, colère, mélancolie, ou danse libératoire.

" A dix sept ans, on est pas sérieux", mais ils sont dix sept à nous décrire cette ville phare, celle des départs d'explorateurs vers le grand monde. A travers ce témoignage générationnel, l'écriture d'une femme d'un autre âge transparait. Dans ses yeux délavés on devine les mains qu'elle décrit, si fines. On peut humer l'odeur des feuilles. Tous les sens en éveil, on retrouve le plaisir de marcher le nez en l'air dans une ville inconnue, où tout est possible. Le parcours sera long. D'heure en heure, de jour en jour. Notre regard se noit dans leur paysage, et nous traversons à travers ces lettres, notre propre parcours. Pour atteindre le jardin extraordinaire.

La joie, la colère, la mélancolie, et la danse libératoire enfouie, nous envahissent.

Leur jeunesse nous donne de l'énergie. La vision nous la forgerons dans le temps, en confiance, dans les allées de nos jardins exotiques.

Nous sommes tous des Lisboeètes, des explorateurs, et l'avenir reste ouvert sans crainte.

Adieu aux peurs de l'enfance, et Vive les perspectives et les surprises à venir! Nous en sommes tous acteurs, car " ça ne se passe jamais comme prévu".

Sylvie Lefrere

" ça ne se passe jamais comme prévu" de Tiago Rodrigues/ La Manufacture- Hautes école des arts de la scène, au Printemps des Comédiens à Montpellier le 29 et 30 juin 2018.

 

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30 mai 2018 3 30 /05 /mai /2018 22:04

Tout commence comme une déclaration. L'amour de l'objet de tous les désirs, c'est elle.

Quand un être humain nous ouvre sa part d'intime, le  plaisir amoureux sort d'une eau trouble. Cet élément, si il s'absente nous empêche de vivre. Douceur, force, épanouissement, le regard de Maxime va les jouer. Il nous dévoile ses limbes, et avec lui nous plongeons dans ses explorations. Notre peau s'humecte, nos écailles profondes s'hydratent, et nous percevons dans le bas des reins, un léger mouvement de sirène.

A travers ses émotions, nous retraçons nos découvertes. Celle de la naissance , les premiers balbutiements de flottaison, sous la main sécure paternelle, celle qui laisse la liberté d'envol.

Pour savourer l'effort vers l'ascension, des heures défilent. Petites fées accompagnatrices qui rythment ce temps déferlant. Devant cette accélération, les yeux d'enfants se transforment en outils perçants les flots, dans un flou bouillonnant. Les vagues submergent tout l'espace. Le temps devient le maitre dicté par le coach. Il endosse le rôle paternel accompagnateur, de conseiller, mais qui peut entrainer vers l'usure derrière les dents serrées.

La grâce enfantine est balayée par les muscles devenus triangles scisaillants. Il sera dauphin en collectif, requin solitaire, jusqu'à se perdre dans un banc affolé de poissons.

Maxime nous déverse son histoire, exutoire pour survivre autrement. L'écriture le  protége de la machine compétitive, gardant ses gestes gracieux et son regard d'enfant joueur et émerveillé.

Il livre ses talents créatifs sans laver son linge sale, en fluidifiant ses mouvements, à la recherche d'oxygène, hors de l'eau pour ne pas s'y noyer. Il en ressort essoré par les gouttes de sueur qu'il laisse perler sur son visage. Il grandit dans son être d'homme de l'Atlantide, et ses choix évoluent à travers la nage papillon du courage et le crawl clairvoyant. Il n'est pas une machine. Il reste un être unique. Son souffle reste son moteur, sans voile de protection.

Il reste au bord de l'eau, les pieds sur la terre nourricière, conservant la tête dans les étoiles pour goûter à la magie. Il brille déjà différemment sorti de l'eau, laissant dans sa traine les souvenirs, les eaux troubles, les petits et les gros poissons.

Sa danse finale signe son processus libératoire et nous attendons les ballets à venir.

" 100m papillon" de et par Maxime Taffanel, mis en scène par Nelly Pulicani Collectif Colette.Du 23 au 26/05/18 au théâtre de Vanves.

Du 1er au 3/06/18 au printemps des comédiens

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19 novembre 2017 7 19 /11 /novembre /2017 21:43

Ce dimanche ensoleillé, l'église St Anne est comble. Tout le monde, petits et grands, s'est déplacé pour voir cette exposition, dernier jour annoncé...

Après un premier tour rapide, déjà l'envie de recommencer. Le tourniquet central a-t'il compris ?

Le premier œil est ébloui, les narines se dilatent, l'air sort d'amples respirations, et dans ma tête explose un mot : MERCI !

Merci AL, pour cette œuvre globale qui fait société, à travers votre regard pertinent, incisif, esthétique et poétique. C'est un travail noble dans un lieu sacré. Tout comme les constructeurs de cathédrale, vous avez donné de votre sueur et de votre dextérité pour aboutir à ce travail monumental.

La lumière du noir de Soulages a été dépassée. Votre processus de réflexion artistique s'est forgé en partant de l'urbain pour arriver au cœur d'une nef. Ce n'est pas par hasard. Vous êtes prêt pour atteindre les sommets. Votre jeune vision nous dit tellement dans cette exposition...

L'explosion du taux de fréquentation de cette exposition n'est pas qu'un seul indicateur économique, c'est le signe de l'élan vers une vraie curiosité véhiculée par le bouche à oreille.

C'était beau aujourd'hui d'observer les enfants, les parents et ceux qui pouvaient être grands parents, assis sur ce tourniquet central, à sourire de plaisir devant tant de beauté présentée de façon aussi créative. Une maman me dit «  Je ne sais pas si ma fille de 3 ans comprendra tout, car c'est dur, mais elle saura me faire son retour »...

La peinture a pris la place des collages. Son empreinte laisse une trace indélébile. La mise en lien des œuvres picturales sur les murs et sur les toiles mouvantes se répondent en miroir.

La beauté d'une jeune femme, au corps d'un blanc immaculé, est posée en joueuse au milieu de toute l'actualité sombre qui nous entoure. « N'oublions pas ce que la paix peut nous apporter » semble t'elle nous dire en envoyant sa jambe en l'air, tel un faune gracieux, ou en tendant le cou, en ours polaire virginal. Elle est magnifiée en corps immense qui submerge et contient nos émotions. Dans la foule, j'aperçois une frêle silhouette...Est ce bien elle en chair et en os ? Dans un murmure timide, elle me confirme, très surprise car je suis la première à la reconnaître. «  Vous avez l'oeil ! »

En effet cette exposition met tous nos sens en "réveil". Les commentaires du public s'entendent. Tout est dit, tout est compris, un électrochoc. Chacun tourne dans le sens de l'aiguille d'une montre, puis recommence dans l'autre sens. Les aiguilles s'affolent.

C'est le titre de l'exposition qui se joue pour de vrai, «  Mécanisme d'aurores pour horloge crépusculaire »

La lumière extérieure passe à travers les vitraux de l'église et colore l'intérieur, donnant des rayons de vitalité supplémentaire aux corps. Ils se croisent avec les pétales de roses multicolores qui tombent comme neige. Mais ils ne fondent pas sous les pieds. Nos pas se surprennent à devenir délicats...

Merci à Numa Hambursin, directeur artistique et commissaire de l'exposition. Son texte d'introduction à l'entrée est magnifique. Il nous parle de l'artiste et de son œuvre, mais il va bien au delà...Il nous souffle ce que trop peu de médias nous véhiculent.

Il a relevé un nouveau défi en nous offrant ce travail. Les Montpelliérains ont pu apprécier pleinement cette exposition. Ils ont été curieux éblouis. Ils ont parcouru le lieu avec attention, réflexion et interactivité ludique en son centre. Ils se sont sentis dans un cadre riche de part son propos et de sa beauté originale, et ont su trouver son cœur en jeu.

Le public se souviendra longtemps de cette dernière exposition...(Le lieu va fermer quelques mois pour travaux de rénovation) Ce n'est pas juste un simple événement, c'est un monument, tout comme lors du passage de l'artiste japonaise Chiharu Shiota. (https://www.enrevenantdelexpo.com/2013/09/24/bientot-chiharu-shiota-after-the-dream-2013-au-carre-sainte-anne-montpellier/)

C'est un travail de fond qui nous a été adressé, comme un signal de détresse, mais aussi d'espoir.

MERCI !

 

Sylvie Lefrere

AL. " Mécanisme d'aurores pour horloge crépusculaire" au Carré Sainte- Anne à Montpellier.

du 25 octobre au 19 novembre 2017. Prolongée jusqu'au 26 novembre!

 

 

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18 novembre 2017 6 18 /11 /novembre /2017 11:18

A trente kilomètres de Montpellier existe un lieu, le Sonambule. Un nom de salle qui sonne bien. Les élus locaux le soutiennent, ce  qui est important dans notre paysage culturel. C'est un lieu de spectacles et de résidences. La programmation est ouverte et entraine le public vers la découverte de la musique actuelle et de temps en temps vers la création théâtrale, en partenariat avec "le Sillon" de Clermont l'Hérault .

Athénais, jeune fille solaire, a ouvert cette soirée, en nous intégrant dans son univers doux, de textes et de mélodies qu'elle compose. Elle a l'énergie des ascensions à venir.

Ensuite est entré «  Rover ». Une présence forte et chaleureuse a inondé la salle. Thimothée Regnier et son acolyte Sébastien Collinet, nous ont offert un concert aux accents de Master Class. Ils nous ont développé le processus de création initié après une Carte Blanche jouée à la salle Pleyel de Paris. Depuis, ils ne se sont pas lassés du travail co construit dans le plaisir. Dans chaque ville, leur prestation est unique, telle qu'ils veulent le partager avec le public. 

Les spectateurs campés dans leur fauteuil, les retardataires assis sur les marches, tous le cou tendu vers la scène, ont voyagé pendant 2 heures. A nos oreilles, l'écho de Christophe, de David Bowie, de John Lennon, venaient tinter, mais l'instant présent singulier nous ouvrait les yeux vers un renouveau, un ailleurs... 

De ce corps sortait du connu, qui nous entrainait par vagues dans une découverte au delà. Le timbre de voix du chanteur, de l'aiguë au plus grave, nous a enveloppé, nourri des notes du piano, des riffs de guitares, des vibrations des percussions. En face, Sébastien, plus discret, déploie son sourire et son état bienveillant, musicien binôme complémentaire. Nous avons eu aussi droit à une ponctuation régulière d'humour à notre adresse, de l'histoire du piano pliant Yamaha...

Après deux rappels, Thimotée a enfilé sa paire de lunettes d'aviateur au cerclage doré. Il va garder les images et les ondes du public, pour partir vers d'autres cheminements. Il gardera le souvenir de cette chaleur humaine à défaut de celle du soleil déjà couché.

« Rover » gardera, aussi certainement longtemps, la saveur du vin qui a humecté leurs lèvres tout au long de la soirée. Le plaisir global était au rendez vous, de la salle au plateau. Mmm... !

 

Sylvie lefrere

«  Rover » le 17 novembre 2017 au Sonambule à Gignac.

https://www.lesonambule.fr/

https://fr.ulule.com/athenais-album/

http://rover-music.com/

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12 novembre 2017 7 12 /11 /novembre /2017 18:58

C'est un compagnon fidèle. Il m'aura accompagné pendant 16 ans. Il, c'est elle. Une présence constante. Discrète, indépendante, attentive et affectueuse. Elle m'a suivi pendant ma mutation du matin au soir, de mon univers personnel à mes voyages. Elle était belle, vive, gracieuse. Ses grands yeux verts m'ont toujours donnés confiance. Sa chaleur était même présente la nuit. Contre ma peau. C'était mon bébé avant mes enfants, je m'amusais à dire.

Un jour, la maladie du monde moderne nous a séparé, mais elle fait toujours partie de moi. 

Hier dans mon travail, elle était à mes côtés, présence bienveillante. Dans un coin perchée, en posture de sphinx, elle scrute les moindres détails. Elle a apprécié de me voir danser. Elle a eu du mal à me reconnaitre, car depuis toutes ces années j'ai changé. De ce corps, chrysalide timide, émerge celui de l'épanouissement, de l'affirmation et de l'ouverture.

Ensuite, elle n'a pas pu résister de descendre les marches sans bruit, pour se rapprocher de nos installations, de se lover dans la profondeur des coussins, de jouer avec les rubans colorés. Finalement cet univers lui correspondait aussi et elle s'y est incluse en présence invisible. Nos réflexions et constructions devenaient un terrain de jeux universels. Elle est passée dans le tunnel comme une fusée, pour aller se poster en haut de l'échelle et de là elle a repris sa position d'observatrice, sa posture de sphinx, gracieuse, et à l'écoute. Elle a vu ces personnes, ce groupe, et s'est dit que "ce n'est pas rien le monde de la petite enfance".

Elles ont un sacré courage, une vraie dynamique ces jeunes femmes, ces femmes, "Sylvie", toutes engagées dans la même volonté: Agir pour les autres.

Elle a été témoin de tout cet investissement et s'est retrouvée mère chatte..." Chipie" était son nom, Chipie je suis, des Chipies nous sommes, qui oeuvrent pour l'avenir avec la douceur et la vivacité des félines.

Sylvie Lefrere

( Photo E. Schwarcz)

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30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 21:41

Ils sont trois, vêtus de tenues à la coupe sobre aux couleurs primaires chatoyantes . Ils sont une palette de fantaisie. Des cases blanches sont dressées tout autour. Celles de la norme dans laquelle les enfants doivent se glisser ? Des pages blanches où tout peut s'inventer ? Cette architecture aux accents hygiénistes s'anime quand chacun cherche à créer un paysage. Mère nature tente de s'animer dans leurs bras. Mais des lumières mouvantes se révèlent, aveuglantes, clignotantes. Elles rappellent les éclats de nos écrans, suivant nos émois.

Dans ce contexte de modernité, ces hommes dansent le lien. Celui qui peut être superficiel, et les autres qui résistent au temps. Il s'engagent dans un lent processus d'allées et venues, l'apprentissage des explorations ludiques des enfants. Des rapports de force se jouent mais le lien reste le plus fort. Ils se cherchent, petits jardiniers en quête de graines à semer. leur champs s'ouvrent en rythmes communs et se rejoignent en créant un rythme endiablé. Il sont côte côte, d'à côté, pas loin, en lien, ensemble. Ils empruntent des passages, des voies qui ouvrent vers la créativité. La danse Hip Hop en est une représentation. Celle de la vivacité de la jeunesse. Rejoignant jeunes de banlieues dans la cour des grands. Implicitement la musique joyeuse et festive bascule vers des sons qui pourraient être des balles qui fusent dans tous les sens. Les mains se lèvent comme celles des hommes qui se rendent. Mais " Hauts les mains" se transforment vite en jeu de malins. les coups plongent en jeux de vilains. Ils provoquent l'échappatoire: mains au sol, les jambes se dressent vers le ciel et s'ouvrent en V de la victoire. Celui du futur...

La révolution faite, le calme revient sous les traits d'une créature douce. Ses fleurs blanches sont celles qui enterrent l'enfance, et annonce l'arrivée de la maturité, celle d'à côté, pas loin, qui accompagnera cette jeunesse vers des temps meilleurs. La dynamique est là. Prenons le temps...

L'homme au corps  d'oursin crayon nous indique que nous avons un océan devant nous à explorer et à dessiner.  Tout est encore possible.

Christian Rizzo nous a fait une brillante démonstration qui s'adresse à Tous publics dés 6 ans. Il n'y a pas d'âge pour la danse et la vision qu'elle nous donne. Les enfants ne sont pas que des spectateurs de lapins crétins. Ils ont su à coté, « d'à coté », ensemble petits et grands, embrasser cette création qui leur parle du monde d'aujourd'hui et qui leur donne confiance pour s'y inscrire.

Sylvie Lefrere

«  _ d'à côté » de Christian Rizzo. Le 6 et le 7/10/17.

http://ici-ccn.com/pages/creations-et-tournees/pieces/da-cote

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