Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 14:30
OH, madeleine!...

La semaine du projet Magdalena, dédiée à la création féminine internationale, s'est installée à Montpellier en ce mois de septembre 2015. Ce projet ravive un peu le goût de la madeleine que nous gardons en nous.

Ma programmation s'est entamée par le cri silencieux de Maguelone Vidal, une femme musicienne mise en scène par une autre femme, Eva Vallejo. Une et une, égal trois, car la musique en est la finalité. Elle a exploré les contours de la cochlée. Un pavillon auditif qui s'ouvre vers les explorations de ses circonvolutions internes. Le grand corps de Maguelone s'est déplié à travers les notes de musique de son saxophone. Le son créé a guidé nos pas, nos sens, nos rêves. Il s'est saturé et s'est mis en jeu en tournant joyeusement sur des platines, nous portant vers les tourbillons de la vie.

Ensuite, nous allons un peu plus loin dans l'intime grâce à " Sous ma peau" de Maxence Rey. Trois corps féminins y sont mis à nu. Ces femmes déroulent leur plis tout le long de leur squelette. La lumière se répand de telle façon qu'elles sont magnifiées ou grossies dans leurs défauts. On y lit les marques du temps, du poids des soucis, des traces de coups. Au dessus de leurs épaules, sur le socle de leur cou est posé une tête sans visage. elle est voilé de blanc, masquant leurs expressions élastiques de vie. Elles sont dépourvues de sens: Sans vision, sans odorat, sans parole, sans ouie. Elles portent et subissent. leurs cheveux sont de coupes identiques. Elles sont formatées, silencieuses, avec pour seul langage, leur corps.

Dans le cadre de la société d'aujourd'hui, la femme restent dans une case limitée et bien bordée. En France avec des salaires, des postes, des fonctions, encore reconnus de façon moindre que les hommes. Elles sont encore trop souvent victimes d'agressions et de violences presque banalisées. Le langage et les gestes qui leurs sont adressés peuvent être sournoisement irrespectueux.

Dans le domaine artistique, les femmes restent minoritaires, et celles qui percent se font souvent un grand nom. Le travail acharné et la lutte contre les dogmes pour se faire une place, leurs offrent un niveau de qualité méritée. Dans le monde de la danse, Pina Bausch, Maguy Marin, Mathilde Monnier, Bouchra Ouizguen.etc... Dans leurs expressions, la place du corps féminin est central. Elles entaillent des sillons dans nos cerveaux de spectatrices.

Les nuages de Tchernobyl et d'Iroshima ont plané ensemble la même soirée dans le ciel du théâtre de la Vignette à travers le Teatr Trily Halopa et Keiin Yoshimira.

Le témoignage du passé de ces deux pays, l'Ukraine et le Japon, les a rapproché dans leur vécu d'évènements similaires. Ces deux peuples sont aussi connus pour leurs traditions et leurs beautés artistiques exigeantes. Le public présent a exprimé ses souvenirs du jour de l'accident nucléaire russe, mais personne n'a fait le lien sur les retombées de cette catastrophe sur le plan politique. Le public présent, composé à 90% de professionnels, est resté replié sur son égo. La création artistique a besoin d'aller plus loin dans une réflexion approfondie pour donner de la vision à tous les spectateurs.

Les journées professionnelles ont peut être fait émerger des discussions, mais le spectateur est resté en marge et ne le saura pas. Pourtant Il est acteur, récepteur vivant des émotions artistiques. Il est nommé « amateur » quand il est associé à un spectacle. Il peut être aussi partenaire, ressource, expert, à force de se forger son regard dans les salles de spectacle. Le clivage est là, tout autour de nous. Il y a un processus de travail à engager pour faire valoir la création de façon pluridisciplinaire.

Sylvie Lefrere

Magdalena Montpellier France 2015 du 21 au 26.09


Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Vent d'art
  • : Échanges autour de différentes formes d'arts.
  • Contact

Recherche

Liens