Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 00:24

 http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/32/LacBourget-arc-en-ciel.jpg

Ce sont les vacances et pourtant mon réveil sonne tous les jours à 8h30. Ce matin, 7ème jour au festival du cinéma Méditerranéen. Je passe une semaine  sous le signe des chiffres. Record d'heures devant la toile aux yeux de certains, car je suis, en moyenne, de 10h à 24h  dans les salles. Mais mes choix ne sont pas économiques.

Cette semaine, le temps ne compte plus. Il se suspend. Je voyage entre l'est et l'ouest du pourtour Méditérranéen.

Mon coeur bat de plaisir, mes yeux s'écarquillent devant toutes ces créations, parfois des larmes s'en échappent.  Mon cerveau peut se comprimer face à ce trop plein en fin d'après midi. Mais il se réhydrate rapidement en buvant un verre et en échangeant avec d'autres spectateurs ou amis.

Ces terres du Sud,  je les ressens au plus profond de mon être, à travers l'histoire de ces personnages de fiction qui se rapprochent de moi. Je partage les mêmes amours, les mêmes vagues, les mêmes saveurs, les mêmes espaces. Ce qui nous différencie, c'est  la guerre dont nous sommes encore protégés. L'intolérance et les actes de violence se rapprochent, mais les armes ne sont pas encore présentes dans notre quotidien.

Le blanc de la lumière  explose. Le noir des situations se voile pudiquement. Les films en noir et blanc sont éblouissants. Ils fixent une intemporalité.

" Les Uraniens" de Gianni Gatti, où Pippo Delbono nous glissent délicatement ses émois, "Une journée en 59" de Nadim Tabet déroule une après midi au bord de l''eau dans un  contexte social particulier.

Dans "8 et demi" de Fédérico Fellini, j'ai pensé à Pina Bausch.

link

 

Son cinéma est multiple; il touche au lyrisme, aux arts du cirque, à la danse. Il évolue dans la complexité et la représentativité de tous les arts vivants. Il met en image un collectif choral joyeux. Il nous enveloppe de langages, de sentiments, de pensées; nous réchauffe et nous nourrit pour toujours. Nous sommes baignés dans ses questionnements sur la création, les relations hommes/femmes, les doutes et les joies. Chaque plan est une oeuvre. Marcello, Anouk, Claudia...et tous ces hommes et ces femmes aux caractéristiques si singulières, qu'ils en deviennent beaux. Assis nous sommes envoutés par la musicalité des voix et du son de Nino Rota.

Anna Magnani, dans " Mama Roma" de Pasolini, représente la mère, la pute, la femme. Cette comédienne a une force dans ces éclats de rires et de larmes qui fait écho avec le jeu d' Angelica Liddell. Ces femmes jouent sans faire semblant. Elles livrent et elles délivrent.

http://www.dvdclassik.com/upload/images/critique-mamma-roma-pasolini1.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

" Rags and Tatters" D'Ahmad Abdalla, caméra sur l'épaule, nous entraine dans les entrailles du Caire. Les odeurs, les flammes, les balles nous frôlent pour mieux nous clouer sur notre siège.

http://1.bp.blogspot.com/-B7PlwW09XEQ/UlW5CGkcEyI/AAAAAAAABJM/e6uEMBQviYk/s1600/lettres+%C3%A0+la+mer+03.jpgLe noir et blanc des films d'animation ont été de véritables coups d'éclats. Dans " Kali le petit vampire" de Régina Pessoa, " Lettre à la mer" de Renaud Perrin et Julien Telle, des jeux d'ombres, de traces d'eau, nous font cheminer dans différentes parties de notre enfance. Je retrouve le plaisir  des explorations dans le  grenier, pour me glisser jusque dans les fissures de béton des murs de la ville. Nous sommes tous les possibles, existants du passé et du présent.

" Louchebem" de jeunes étudiants  de l'ESMA, offre l'expression d'un homme, boucher, qui pendant quelques minutes devient un danseur emplit de poésie et de grâce pour libérer son chagrin.

" Le chant des sirènes"d'Aline Biasutto délie des vagues de mots et de mouvements plastiques. 

Les films de Raoul Ruiz, d'Agustti Vilaronga, de Matteo Garrone, décortiquent des histoires originales et haletantes. Nous sommes tenus dans un suspense. Nous sommes acteurs, chercheurs, décodeurs, voyeurs. Nous sommes avertis, si un jour nous croisons ces personnages dans la vraie vie...

Le pastel, apparait dans "Ladder To Damascus" de Mohamed Malas. La Syrie, le lieu du non retour, de la fin du monde, nous est ouvert à travers une cour interieure où un groupe de personnes vivent. Ils sont comme protégés dans un ilot privilégié. Le tulle des rideaux va bientôt se relever pour laisser entrevoir la violence à leur porte. La sculpture dressée en vigie sur le toit de la maison est une véritable statue de la liberté.


 

Une douce couleur se reflète dans les yeux des deux soeurs du film turc" Les impéccables"de Ramin Matin. Les lumières de cette station balnéaire dévoilent l'histoire qui réunit et sépare ces deux femmes, et qui nous relie toutes ensembles. La tension est palpable; le secret tenu pour s'entrouvrir lentement sur le pouvoir machiste violent,     dans lequel les femmes luttent avec force.

La couleur chatoyante, je l'ai vue dans " La marche" de Nabil  Ben Yadir. En 1983, un groupe d'habitants des Minguettes, quartier  de la banlieue Lyonnaise, a traversé la France, à pied, pour échanger sur la montée du racisme. 30 ans déjà ...Et nous  sommes encore sur le pas de la porte.

J'aurai aimé un débat plus long sur le sujet, car nous sommes au coeur de cette actualité. Ce film donne une réelle énergie, mais le temps galope à nouveau. L'équipe du tournage repart le lendemain et aucune rencontre n'est prévue...

Cette folle semaine de cinéma a permis de regarder la liberté passée, de vivre le présent,  et d'aborder l'avenir avec un autre regard. 

"La fabuleuse  histoire de la paravision" de Renée Garaud et de Lilian Bathelot a cloturé mon festival d'une bien jolie manière. Guy Brunet et sa créativité  illuminent. Il conforte mon gout de l'insolite et du grain de folie des passionnés. 

Dans cet article, j'ai oublié de nombreuses autres créations, mais la liste est trop longue au pays des Almodovar, de Marisa Paredes, Visconti, Claire Denis, Benjamin, Michel, Youssef, Arturo, Miroslav,Tudor, Ahmad...  

Marianne Khoury, cinéaste Egyptienne, disait il y a quelques jours  que "..quand on a un projet, malgré toutes les embûches, si on y croit, il faut le faire et tenir bon quoi qu'il arrive...".

De notre place de citoyen Méditerranéen, en marche!

Sylvie Lefrere

Festival international du cinéma Méditerranéen 2013, du 25.10 au 2.11.13

http://4.bp.blogspot.com/-8Fs3p0TdRyA/TgEFCoDxtRI/AAAAAAAAAu4/NuVGTswRkAA/s1600/P6100291.JPG

 


Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Vent d'art
  • : Échanges autour de différentes formes d'arts.
  • Contact

Recherche

Liens