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5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 02:29

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Dans un ciel rougeoyant, le printemps  éclaire son espace végétal. C'est le renouveau. Nous, spectateurs en sommes les bourgeons.

Comme des enfants, nous suivons en confiance l'orchestre qui nous fait déambuler dans le parc. Un dernier voyage de Terriens avant de rentrer dans l'univers de Jaco Van Dormael.

Sur la scène, plusieurs coins sont organisés dans un désordre technique; ordinateurs, train électrique, caméra sur rail de travelling. Une dizaine de personnes s'affairent calmement. Le rendez vous se prépare. Avant le lancement du spectacle, les acteurs se relient dans une mêlée silencieuse et fraternelle. Une équipe complice se donne les dernières consignes? On ne le saura pas, mais la force du collectif est palpable.

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Le texte nous pose le contexte. Une femme seule se questionne et se retourne sur sa vie, sa mémoire, ses amours...Que serions nous sans la pensée? une coquille vide. Sans mémoire? un puit sans fond; sans amour? un être mort.

Nous allons traverser cet espace à plusieurs niveaux. Les étapes de la vie, en mouvements sur l'écran vidéo, dans tous les coins et dans la chorégraphie des hommes et des femmes.

L'image nous submerge très vite, dans le flot des paroles du texte. Il touche à notre histoire à tous. Les personnes que nous avons aimé, qui ne sont plus là. Pas disparues, mais plus là!

Notre place va bouger comme notre regard. Pas besoin de fête foraine pour tournoyer dans tous les sens. Nous allons être happés, malaxés, triturés, caressés pendant 1h40.

Le mouvement du train électrique défile sous nos yeux  sur l'écran, et en premier plan en qualité d'objet. Le jouet devient notre véhicule pour traverser le temps; à travers la narration des 5 amours de cette femme, qui attend, assise sur un banc, sur un quai de gare. Mais est -elle partie un jour réellement? Elle préfère rêver en regardant les 5 doigts de sa main.

Cette femme nous ressemble un peu. Elle est en partance et semble malgré tout résignée. Le temps ne semble pas avoir d'impact sur elle. Elle vieillie, mais est caressée par son cheminement, ses rencontres. Les rides  n'altèrent pas ses souvenirs

Pour accompagner son récit, des mains nous accompagnent. Mais pas n'importe lesquelles...Des petites mains qui dansent...Elles sont bien plus puissantes que celles des comptines de notre enfance. Elles dévoilent une véritable chorégraphie, précise, sensuelle. 

Ces mains sont nos corps, avec ses plaisirs et ses souffrances. Ces paumes, ces doigts, sont nos besoins de liens de chairs; Nos petites mains de cire cachées précieusement dans nos valises; métaphores de notre imaginaire, où elles prennent différentes formes, suivant notre humeur.

Elles sont omniprésentes, et essuient nos larmes qui ravalent ce manque de contact dans cette société, où nous sommes tellement anonymes.

La grâce des phalanges dévoilent des jambes de danseuse étoile. Les rotations du train dans sa brume, exhibent la vitesse du temps qui passe, toujours plus vite, dans une fatalité.

Les caresses des danseurs se répètent dans la pénombre, et on se surprend à quitter l'écran du regard pour s'arrêter sur le corps de ces humains, tellement humains.

Jaco, cherche à ralentir ce temps qui passe inexorablement. Les musiques d'Haendel, de Vivaldi, d'Harvo Pärt, nous enveloppent dans la pénombre de ce voyage.

Ma peau frissonne de nostalgie; mes yeux s'humidifient . L'évaporation des mots touche le sensible. La fluidité des gestes des danseurs nous aveuglent. L'idée de  pouvoir un jour danser dans une telle harmonie avec un partenaire, me traverse l'esprit.

Les vues aquatiques nous renvoient à nos origines, dans le ventre de la mère, ou de l'évolution de l'homme depuis la préhistoire. Je me souviens de "Mélancholia", où Lars Von Triers crée une atmosphère de fin du monde. 

Ce soir, nous sommes dans une création de bilan du monde, et où se questionne comment faire du lien, s'aimer, se faire du bien, prendre soin. C'est un peu une ode "Peace and Love", sans manièrisme, avec douceur et détermination. 

En 2013, on oublie que le printemps est pourri, car on a soif d'ailleurs. 

 

Sylvie Lefrere

 

"Kiss and Cry " idée originale de Michèle Anne De Mey et Jaco Van Dormael. Le 4, 5, 6 juin 2013 au Printemps de Comédiens à Montpellier

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