Dans cet hiver rigoureux, la rencontre avec Christiane Vericel et son équipe a été un moment rare.
J'ai été accueillie au sein des Subsistances de Lyon pour participer aux échanges avec le public lors de 2 présentations de Chantier.
Dans ce contexte , j'y ai retrouvé chaises, échelles, barres de métal, poulies, cordes…Tout un tas d'outils métaphoriques à facettes, part de rêves tout comme les boules disco qui rayonnent dans les boites de nuit.
Nous étions, nous aussi, réunis dans notre boite de nuit, salle sombre ,mi-fabrique, mi- laboratoire.
Christiane travaille depuis plusieurs années avec des enfants, des comédiens adolescents, adultes, parfois porteurs d'un handicap. Ils travaillent sur des sujets d'actualité comme la faim , l'exclusion...
la diversité des cultures est représentée sous les différentes couleurs de peau.
Nous sommes face à une représentation de notre société, avec toute la richesse de cette mixité, embarqués dans cette arche de Noé, navire poétique , qui va nous emmener , loin…
Les scènettes de ce chantier nous soufflent que " tout est langage", la musicalité du Bandonéon de Max nous enveloppe, Les mimiques de Burhan nous font sourire, les cabrioles d'Armand nous interdits, la danse d'Habibur nous émeut, le câlin à la poupée d'Anaelle si tendre,et le masque avec ses multiples regards…
Tous les espaces sont explorés; le vide, le plein d'une maison, d'une valise; la hauteur et les barres des échelles, les allers et retours des pommes qui tombent du ciel.
Le fruit n'est plus l'élément représentatif de la nourriture, mais il devient objet de désir, d'enjeu, de secret.
Une corde jaune ou rouge devient symbole de frontière sclérosante ou offrant une perspective de liberté.
Charile Chaplin et le Kid revivent sous nos yeux en hommes de couleurs .
Le masque aux traits marqués et au regard perçant, fixe, en zoomant, notre pensée sur la gravité de la situation. C'est un temps de distanciation.Puis d'une pirouette , la vie rejaillit, et l'énergie positive de la lutte réapparait."The show must go on."La vie est ponctuée d'embuches, et il faut sans cesse les surmonter grâce à la volonté, dira une personne du public.
Un jeu de chaises, figure la place de chacun et les mouvements incessants mettent en évidence sa singularité; jeu parfois cruel mais très vite la cohésion du groupe reprend le dessus.
Pour se faire accepter les rapports de force sont déployés, de séduction, intergénérationnels. Comme dans les fables de la Fontaine.
Nous sommes témoins d'une jubilation collective.
La dernière image de cette succession de tableaux nous encourage à prendre soin de…soi, de l'autre, de notre environnement.
le diagnostic de notre société y trouve toute sa force mais le message d'espoir rayonne.
Comme une spectatrice l'a exprimé" nous avons voyagé pendant cette soirée" entre la joie et la mélancolie, et tous nous nous sommes engagés en nous questionnant et croisant nos regards.
Sylvie Lefrere. Chantier d'image aigue aux subsistances de Lyon le 17 et 18.02.12