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21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 21:17

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Dans cet hiver rigoureux, la rencontre avec Christiane Vericel et son équipe a été un moment rare.

J'ai été accueillie au sein des Subsistances de Lyon pour participer aux échanges avec le public lors de 2 présentations de Chantier.

Dans ce contexte , j'y ai retrouvé chaises, échelles, barres de métal, poulies, cordes…Tout un tas d'outils métaphoriques à facettes, part de rêves tout comme les boules disco qui rayonnent dans les boites de nuit.

Nous étions, nous aussi, réunis dans notre boite de nuit, salle sombre ,mi-fabrique, mi- laboratoire.

Christiane travaille depuis plusieurs années avec des enfants, des  comédiens adolescents, adultes, parfois porteurs d'un handicap. Ils travaillent sur des sujets d'actualité comme la faim , l'exclusion...

la diversité des cultures est représentée sous les différentes couleurs de peau.

Nous sommes face à une représentation  de notre société, avec toute la richesse de cette mixité, embarqués dans cette arche de Noé, navire poétique , qui va nous emmener , loin…

Les scènettes de ce chantier nous soufflent que " tout est langage", la musicalité du Bandonéon de Max nous enveloppe, Les mimiques de Burhan nous font sourire, les cabrioles d'Armand nous interdits, la danse d'Habibur nous émeut, le câlin à la poupée d'Anaelle si tendre,et le masque avec ses multiples regards…

Tous les espaces sont explorés; le vide, le plein d'une maison, d'une valise; la hauteur et les barres des échelles, les allers et retours des pommes qui tombent du ciel.

Le fruit n'est plus l'élément représentatif de la nourriture, mais il devient objet de désir, d'enjeu, de secret.

Une corde jaune ou rouge devient symbole de frontière sclérosante  ou offrant une perspective de liberté.

Charile Chaplin et le Kid revivent sous nos yeux  en hommes de couleurs .

Le masque aux traits marqués et au regard perçant, fixe, en zoomant, notre pensée sur la gravité de la situation. C'est un temps de distanciation.Puis d'une pirouette ,  la vie rejaillit, et l'énergie positive de la lutte réapparait."The show must go on."La vie est ponctuée d'embuches, et il faut sans cesse les surmonter grâce à la volonté, dira une personne du public.

Un jeu de chaises, figure la place de chacun et les mouvements incessants mettent en évidence sa singularité;  jeu parfois cruel mais très vite la cohésion du groupe reprend le dessus.

Pour se faire accepter les rapports de force sont déployés, de séduction, intergénérationnels. Comme dans les fables de la Fontaine.

Nous sommes témoins d'une jubilation collective.

La dernière image de cette succession de tableaux nous encourage à prendre soin de…soi, de l'autre, de notre environnement.

le diagnostic de notre société y trouve toute sa force mais le message d'espoir rayonne.

Comme une spectatrice l'a exprimé" nous avons voyagé pendant cette soirée" entre la joie et la mélancolie, et tous nous nous sommes engagés en nous questionnant et croisant nos regards.

 

 

Sylvie Lefrere. Chantier d'image aigue aux subsistances de Lyon le 17 et 18.02.12

 

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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 19:35

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Après avoir vu, ces 10 derniers jours, 4 spectacles qui m'avaient laissé sans voix, endormi, ou même insupporté au point de sortir, le vent glacé m'a emmené à Sète. Et là j'ai été soulevée!

La musique hurlante a fait trembler les murs du chais. Ces hommes sont apparus comme venant de nulle part. Ont il un passé? ont ils un futur? On les sent dans l'action, redevenant animaux ou végétaux, tigres ou bambous, cherchant une direction, une rencontre, une issue.

La douceur des gestes se confronte avec la mécanique du mouvement. La barbarie de la guerre est là , sourde et elle empèche toute forme d'humanité.

Les danseurs explosent dans l'espace, tout comme le son. Ce dernier leur colle à la peau et effleure chacun de leur frémissement.

Ce sont des hommes qui vibrent dans une frénésie collective. Leur beauté éclate devant nous. Tout est mouvement, lutte, caresse.

Sans le savoir ,je remarque particulièrement Ofesh Shechter. Le rythme et la courbure de ses bras attire particulièrement mon regard.Il est là,éclatant dans une danse tribale.

Uprising, hymne aux combats révolutionnaires.Je revois Gavroche, perché sur les barricades.

Mais la mort rode, les couteaux glissent sur les cous,les décharges électriques tendent en arc les condamnés.

Se soulever , est une prise de risque.Un sacré courage Jusqu'où ira leur engagement? Et quelle en est a force du collectif?Je repense au travail de Groupo Corpo, troupe Brésilienne, qui présente eux aussi une part du patrimoine historique de leur pays.

Dans le volet suivant, parité parfaite, Les femmes. Après la grâce des hommes, des femmes puissantes s'offrent à nous.

Le contour de leur corps se dessine sur le blanc éclatant qui a effacé le noir précedant. On peut observer leurs muscles gonflés. La clarté de la vie s'oppose à la noirceur de la guerre.

Dans leur esprit , transpire une  terrible volonté. Je les sens avancer à tout prix. J'y retrouve les secousses des femmes de Maguy Marin dans May be.

Une voix off se fait entendre, en anglais. The art of not looking back.

La danse a changé. Fini les pointes et les tutus. Nous sommes dans l'ère de la parité sur scène.Des femmes , presque masculines qui montrent de grandes culottes et qui sont agitées de saccades. Maitre de leur besoin, ou de leur  plaisir? Séduction ou puissance. la femme du 21 siècle explose.

La voix nous demande de ne pas regarder en arrière.

Sortons de l'ombre, faisons éclater au grand jour nos expressions. Pulsons, osons, il est encore temps.

Pour mieux nous imprégner, un rapide retour en arrière de la pièce se joue, comme faisant valoir un éternel recommencement. Feed back, pour mieux comprendre.

Je me souviens des films en super 8, qui passés en arrière, nous amusaient.

Qu'est ce qui se joue? L'avant, l'après. Vivons l'instant et occupons l'espace tant qu'il y a un possible.

Ce soir , ce chorégraphe et sa compagnie ont démontré que la danse est bien vivante, encore innovante et reliée à notre musique environnante.Elle percute.

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sylvie Lefrere.

Uprising- The art of not looking back. Hofesh Shechter compagnie. Scène nationale de Sète et du bassin de Thau.

Du 7 au 10.02.12

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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 22:22

 

Des écrans pour danser devant, en karaoké, en essayant de suivre la cadence. Ce rythme fou qui nous perd .

 

 

 

 

www.arte.tv/fr/4264742,CmC=4265400.html
Daniel Linehan, avec ses complices, nous livrent ce soir une chorégraphie particulière.3 niveaux s'offrent à nous: La danse, la musique, la voix,vont se croiser sans cesse en saccades.En Salves, Chaos nécessaire pour muter.
Après des semaines de luttes, cette scénographie va trouver pour moi tout son sens.
Ces zombies, ne sont ils pas les adolescents dans le monde actuel, face aux exigeances des adultes?
Les niveaux de communication ne sont pas au meme niveau et atteignent meme parfois le vaste champs de l'incommunicabilité et de  l'incompréhension.Tout est langage disait F. Dolto...
Inconsciemment, la jeunesse est fabriquée pour etre normée, mais leurs repères sont les images sur le bleu de l'écran et de  ses répétions, ses modes de communication créatifs à travers les jeux de mots, de sons, de corps, de musique. Beat box, caisse de résonnance des émotions.
L'anarchy devient "COU"...Le cou, ce qui soutient notre téte droite et dans lequel évolue nos pensées ; sous cette passerelle du cou, ce corps dégingandé, qui grandit sans vraiment comprendre pourquoi, comment? Ce corps qui se secoue, se débat, se déguise en Barbie, Ken ou Goldorak...
► 1:45► 1:45
www.youtube.com/watch?v=62nelnMXW3M
Ce soir ,je ne peux m'empécher de faire le parrallèle avec le film étonnant " Shame".Une machine , clignotant de son histoire , de sa transmission. Aimer fait plus mal que l'action compulsive décérébrée.
Où sommes nous dans cette société de consommation illimitée. Tous des addicts?
Le retour au valeurs humaines devient un effort. L'émotion,la vraie ,celle qui fait pleurer, existe t'elle sans honte?
 
Sommes nous devenus des humains Zombies honteux?
Que ferons nous de 2012?
lundi 23.01.12 centre choregraphique national de Montepellier."Zombie Aporia" de Daniel Linehan.
Samedi 27.01.12 Cinéma Utopia" Shame"de Steve Mc Queen.
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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 19:56

12c9d466-3e09-11e1-a041-e3aa407a1278.jpgLe virage de l'art d'Israel Galvan, est là. Il se joue sous nos yeux. Ils ne sont pas assez écarquillés pour tout voir, ou plutôt tout saisir.

Le temps est posé. Il prend le temps, de nous pénétrer.Et en parallèle, Il hache, à la vitesse d'un éclair, ses couperets.

Ses bras, tantot, blanc, nus et tantot gantés de ses manches noires.

Ses jambes se secouent de  saccades précises. Sa sensualité féminine explose.

Le dépouillement de la scène est total, brut. Seul le gris des parpaings sur les cotés et du fond de la scène, servent d'enveloppe à la mise en scène.

Des échafaudages de chaises, un piano, une table.C'est tout ce dont nous avons besoin .

Le piano va vivre des heures qu'il n'est pas près d'oublier.

La musicienne, le travaille au corps en créant des sons grinçants, crissants, secs, doux,rapides...Magnifique illustration qui fait écho  au  corps d'Israel, qui règne, somptueux.

L'instrument et l'homme ne font qu'un, en parfaite harmonie.

J'ai l'impression d'assister à un accouchement en voyant cette femme plonger ses mains dans le ventre du piano à queue ouvert.

Le couple nous renvoie aux origines du Flamenco et Israel vient les provoquer, les réveiller, les frôler.

Le chant monte comme une plainte sur le mal qui nous entoure. Les larmes n'y changeront rien, alors dansons et chantons et frappons pour faire entendre au monde entier notre peine et notre révolte.

Israel est d'une beauté élégante. Tous ces gestes sont précis.Son corps résonne en caisse de résonance comme le piano ou le tambourin. Sur sa veste en cuir ses doigts courent à nous faire frissonner de plaisir. Nous quittons le monde Flamanca pour explorer le beat box,le  jazz, la musique cubaine. Tout se lie.

Les matières sont explorées. Le sucre au sol qui craque, la farine qui assourdie ses pas, ou se soulève en créant une image féerique.

Oui, Israel est un dieu, une fois de plus, ce soir. Il explore le monde. La souffrance est là, et il exhorte les cieux, les autres, les outils pour provoquer le changement.

Il devient cuisinier de nos sentiments et nous questionne.

Le symbole de la chaise pliante, autour de la tête comme une guillotine, est violente , mais notre société est violente.

Les artistes et la cultures sont assassinés par le système.

Magnifique le e bref échange joué par un jeu de chaises, alors que nous sommes  tous campés, dans nos sièges, nos cases, ....Et il pose en Espagnol et en Français, " Le public est mort!...." La salle n'était plus qu'un écrasant silence.

Nous , spectateurs, nous ne sommes plus vivants? Nous sommes morts face à ce changement de paradigme nécessaire et qui vient si lentement.

J'espère que les générations à venir parleront bientôt de cette période trouble, mais en décrivant le processus qui à fait évoluer notre société...

le blanc, de la virginité, contraste  sans cesse avec le noir corbeau . La finesse de la farine devient matière en posant le décor , ou vaporeux  en marquant l'artiste, qui en quelques mouvements, devient le mort avec son costume de squelette. Le Théâtre Japonais du Nô apparaît.

la fin nous transporte dans une légèreté libérée quand Galvan, tel un fils, invite le vieil homme à esquisser quelques pas qui crèvent d'élégance. La réconciliation de l'adolescent tempétueux avec son père? On sent l'amour transgénérationnel.

Il touche à la force de la cellule familiale, si présente en Espagne.A la transmission Je pense aussi aux êtres aimés, hors du cocon, qui nous donnent de la force.

Oui, Israel nous parle aussi d'amour . Celui qui après le combat , apaise, et nous aide à tout recréer.

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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 20:07

Une invitation de dernière minute tombe. Hop un saut dans le tramway et me voilà embarquée au " Théâtre ce soir"...

Pour une première, le hall est clairsemé; c'est étonnant.

Les premières minutes m'ont vite inquiété. Un écran nous indique, nous public, tout ce qu'il se passe sur scène. "Monsieur, fume son cigare, il lit le journal...AI¨, serions nous si engourdis, au point de ne pas pouvoir  suivre ce qu'il se passe?

Un comédien agé, commence à parler de ses craintes en lisant l'actualité de son journal. Il a surtout peur des Incendiaires...

Des comédiens habillés en pompiers apparaissent. Et ils chantent, avec un ton moralisateur insupportable.

A cet instant j'ai compris que j'allais m'ennuyer à mourir.J'ai essayé pendant 1h20 de trouver un quelconque intérêt, mais rien.

Accompagnée par la personne qui m'avait invité, impossible de demander à sortir. Je me sens prise au piège de l'ennui.

Je me suis téléportée dans un temps reculé et un vague souvenir de mes parents devant " au théâtre ce soir" m'est réapparu.

Le jeu forcé, la bonne, les apparitions de personnages, les injonctions adressées au public, qui sonnent si faux.

J'avais de la peine pour ces comédiens qui avaient dépensé cette énergie dans ce vide. Je les plaignais d'avoir du apprendre un texte aussi creux et me demandais si c'était aussi insupportable pour eux ,comme pour moi.

Des applaudissements de politesse ont clôturé la soirée. 

Après une soupe, j'ai re-sauté dans le tramway. Dans le wagon se trouvaient les comédiens, quittés quelques minutes plus tôt. J'étais triste de les voir rentrer chez eux , comme des employés anonymes ayant accomplis leurs taches.

Pas d'excitation de La Première ce soir! Pour moi c'est la dernière. Pour eux , encore quelques jours de soirées à remplir.

Du remplissage...En rentrant, je reçois une info sur facebook: Pour une fois le programme TV , avec "Chinatown ", était meilleur que le théâtre que j'avais subi.

Première pièce de l'année. Pas de merveilleux au rendez vous.

Le spectacle était noté à partir de 12 ans. Je n'ose imaginer que les  enfants soient pris pour un public à qui il faut présenter des pièces avec un jeu aussi creux..Le niveau de morale y est affligeant. Cela pose question sur le message qui est transmis et la façon dont on accueille les enfants dans l'imaginaire.

Petit rajout: l'accueil au bar du théâtre était déplorable . L'accueil a vraiment une place déterminante et est révélateur du reflet du contexte.

 

Sylvie Lefrere

 

"Monsieur Bonhomme et les incendiaires" mis en scène de Gisèle Sallin. Au théâtre du domaine d'ô à Montpellier.Du 9 au 13.01.12.

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 22:53

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Nous sommes invités à nous glisser, dans un premier temps, derrière un rideau blanc et à nous asseoir sur des coussins noirs. Nous allons vivre des minutes éclatantes entre la lumière et la noirceur de cet igloo expérimental..

Devant nous un aquarium géant sur roulettes, une sorte de couveuse, dont le fond est recouvert d'un épais tapis de billes blanches.Une cage?Lieu de protection ou d'enfermement?

Silence, un souffle se fait entendre comme le début d'une tempète. Puis au micro, Charles fait claquer ses mots autour du travail, du sens du trravail, des mots, de la mort...Il nous martèle le cerveau.

En parralèle, des mouvements se réveillent dans la cage de verre. Des membres, emergent du fond blanc comme si notre conscience s'évéillait.

Des cuisses écartées, une naissance? Puis des cheveux noirs apparaissent,  un visage. La jeune femme est à plat ventre dans la cage, alors que je la croyais sur le dos et voyais ses cuisses au lieu de ses bras.

Une femme, pile ou face? des membres qui se confondent...Elle se redresse lentement et  nous regarde . Où sont les bètes sauvages? Est-ce elle, ou nous les spectateurs?

Notre narrateur crie , crache ses mots, prend un hygiaphone pour se faire entendre plus fort encore. 

La jeune fille semble prisonnière de son mausolée; son corps se reflète telle Blanche Neige dans son cercueil de verre.

Pourquoi l'image des contes de fée réapparait? Avons nous besoin de ces histoires pour éloigner nos démons et métaphoriser nos craintes?

Je regarde cette jeune femme, mi-Yeti, mi-enfant sauvage.Elle parait immense et est trés impressionnante. Nous sommes tout prèt  d'elle

Elle représente notre communication actuelle, dans l'isolement, le décalage, l'incompréhension de différentes formes de langage.

Notre orateur nous parle de la télévision et de son rejet. Il écrit sur les paroies, de film transparent, de la cage.

La jeune fille devient comme un animal qui étouffe dans un milieu clos et explose; elle se met à frapper dans chaque rebord et crève son espace protecteur; son corps se détend lentement, comme si enfin libre ,elle pouvait respirer.

 

En quelques minutes,accompagnés de mots réactifs, de rébéllion qui nous martèlent encore le cerveau, nous avons assisté à une naissance, une croissance, une rébellion et une libération. C'est fini.

 

 

Dans un deuxième temps  , après un verre., nous réintégrons la salle, sur les gradins cette fois.

Les mots nous quittent pour laisser la place à la voix. Celle d'une masse sous une couverture, dans un coin .

Elle frémit , se déplace. Une voix qui monte et se mèle à une chorale, dont les chanteurs se trouvent dans la régie vitrée, en haut de la salle. Ces voix se font écho.

C'est comme le lien entre le terrain et la pensée, ou la décision.

L'action sur le plateau nous laisse imaginer un animal ou un homme. J'entend un mamouth, puis la couleur  brune me renvoie à l'image du moine dan sa robe encapuchonnéet ; je pense à toutes ces manifestations d'intégristes Catholiques. Ce moment est alors renforcé par les choeurs qui s'élèvent, trés fort. 

La robe devient orange et le Tibet apparait  avec un moment d'apaisement. Notre masse s'élève sur un petit plateau blanc, sous un néon, comme campé sur une plaque de microscope. On observe cette chose, qui se dresse sur des grandes bottes aux talons démesurément compensées.

Notre personnage se grandit et prend le pouvoir par les armes. Cherche t'il a tuer les voix?à tuer le vivant et rester mortifère.

Il finira à terre, là où fini l'abus de pouvoir, vers l'anéantissement.

Quel choc ce soir...

La discussion ensuite entre artistes et spectateurs restent limité à des explications techniques et je regrette ,une fois de plus, que le ressenti ne soit pas plus développé.

 

Sylvie Lefrere

 

Bine Air de Viencent Dupont dans le cadre de "Domaines" au CCN de Montpellier le 8.12.11.

 

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 11:58

Nous accueillir dans le Gigantisme du palais de Chaillot pour  ce spectacle , était le vestibule parfaitement adapté à "J'aurai laissé un beau cadavre".de Vincent Macaigne.

Dés les 1er pas dans la salle, l'animation interactive est palpable. L'artiste nous interpelle, nous invite, et nous descendons sur le plateau, chantons , huons; le champ de la liberté d'expression est posé.

Les bâches de plastiques recouvrent les imprudents des 1er rangs, qui risquent d'être éclaboussés par les liquides et matières diverses qui vont gicler.

Oui, dans ces 4h, ça va gicler: !Les eaux, les boues, les cris, les mots...Les représentations normées.

 

Si le spectacle est présenté à Montpellier, où les 1er rangs sont pour les "huiles" (Remarqué par Catherine Ringer , notamment, lors de sa venue) ce sera amusant.

N'est ce pas une façon du metteur en scène de leur en mettre plein la vue?

Le pouvoir doit aussi avoir le nez dedans; dans la boue, le sang, le terrain, l'action et ne pas etre aussi en distance comme on peut l'observer régulièrement.

 

Sur scène le niveau est double. Au dessus, s'élève un batiment vitré, comme un laboratoire, blanc, d'où on peut observer, ou créer l'espace de la pensée au dessus du terrain, sorte de friche.

Les comédiens vont crier leur souffrance dans un vocabulaire cru mais réel, sans faux semblant ,et absorber les tirades d'origine du texte d' Hamlet, qui prend alors toute sa dimension de modernité.

 

Le thème sur les rapports de force, les jalousies, les communications amoureuses, l'amour fraternel et fratricide...

Les comédiens se mettent à nu dans une énergie surdimensionnée. Ce sont de belles personnes,  même si ils ne sont pas les canons esthétiques normés de notre société. Ils sont harmonieux.

Leur corps est exploité au scalpel, et la métaphore commerciale est un grand moment.

Oui , notre corps vaut. de l'argent, de la sueur. Il a une valeur certaine.

Nous vieiillssons mais notre énergie et notre implication reste toujours là,  malgré les claques et les freins reçus.

 

Je retrouve les plaisirs des lapins d'Angélica Liddell, du chateau gonflable de William Forsythe,rappeler que nous restons si souvent observateurs silencieux.

 

Le tableau final est impressionnant: Les brebis, le chantier, la femme...Tout l'état de notre société sous nos yeux: Le peuple mouton, le chantier à reconstruire, la femme, qui tout à coup, après le chaos, ramène au sens,"Oui !on a tout perdu , nos biens, nos vetements, mais nous sommes vivants et nou nous aimons"

La vie sans amour et sans collectif, nous lâchera.

 

Le grand aquarium , posé à droite sur scène , me questionne: Laboratoire, qui nous réunie ?nous purifie? nous lave?nous repositionne dans un utérus et nous fait renaître??

 

Un spectacle marquant , qui nécessite certainement plusieurs visionnages, pour ne pas perdre une miette de toute cette densité.Une vraie richesse. C'est le spectacle que j'attends car on s'y sent vivant et le temps s'y suspend.

 

Sylvie Lefrere

 

" J'aurai laissé un beau cadavre" adaptation d'Hamlet de Vincent Macaigne. Théâtre de Chaillot à Paris du 2 au 11.11.11.

 

 

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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 22:29

La salle est comble. Elle est remplie de jeunes étudiants. Ils sont beaux et souriants.

Une jeune fille blonde avec un rouge à lèvre carmin me glisse qu'elle s'est Habillée spécialement pour allée au théâtre ce soir. Elle porte une robe rouge, légèrement drapée. Son voisin lit assidûment , durant l'attente, son livre sur la vie de Calamity Jane.

Le rideau rouge ( encore; C'est la couleur phare ce soir) s'ouvre. 2 artistes altiers apparaissent. Ils sont comme des rois avec leurs cheveux laqués en brosse. Je repense à Jean Paul Goude et Grace Jones, à Klaus Nomi...

La musique gouailleuse de Kurt Weil se fait entendre. "Welcome" du film New York New York résonne dans ma mémoire. Et les années 80 remontent.La période de mes 20 ans...

Cette jeunesse éclate sur le plateau. On s'aime, s'étreint, ne se quitte pas , chaque pas sont faits de façon emboîtée quand on s'aime.La fougue est là.

La jupe, les bretelles, le marcel, mélanges des genres. la jeune fille dégage une élégante beauté froide et nordique, presque masculine dans ces postures de puissance et de provocation.

Le garçon dégage une sensualité extrème,;Il a une grâce presque féminine dans ses gestes délicats et précis .

Ce couple présente parfaitement la force, la beauté et la fougue de cette période de jeunes adultes, qui avait une grande liberté; Juste avant les années Sida...

On se serre, on s'etreint quand on s'aime. L'un accroché à l'autre comme une sansue ou un koala, du matin jusqu'au soir. La nuit, blottis en position foetale.

La musique appuie cette relation de pouvoir entre eux. Peu à peu , on se sépare , on se serre la main, et change de codes de communication , on se distancie.

La passion du premier jour s'efface et les relations amicales s'instaurent .Le vécu dans le bonheur et dans la rage, réunit pendant un temps...Puis l'age avance et un jour on s'endort pour toujours, cote à cote ou éloigné, et subsiste une trace dans la mémoire, 

 

La deuxième partie, est une sorte d'analyse animalière du genre humain.Nos danseurs s'offrent à nous dans un coté normé dans leurs trenchs à la Humphrey Bogart/ Lauren Bacall, et leger des volatiles .

Et si nous étions ainsi; des êtres conformes apparemment mais nos dessous ne sont que légèreté et insouciance?....

La musique Allemande reste présente et donne un regard effronté au climat de la pièce. L'humour pour se distancier du drame en toile de fond.

Ce coté narquois qui date des années 80, reste encore parfaitement d'actualité. Les impers donnent ce coté sérieux, d'enquêteurs qui cherchent; en quête de leur bonheur, de leur avenir? Ils se cherchent, se battent.

L'animal prends le dessus dans le soin de sa personne, le soin à faire son nid, prendre sa place. Ne sommes nous pas tous un peu ces volatiles, fragiles et pourtant si volontaires ?

Au fur et à mesure, les êtres se déplument, se retrouvent à nu face à leurs expériences. La souffrance est présente.

On essaye de se nicher à nouveau dans son nid , mais les choses changent, et l'autre n'est plus là.

Le sentiment de perte plane, dans un linceul.Où une image d'icône flotte.La mémoire se marque du rouge carmin autour de la bouche , reconnaissance de l'expression.

Mathilde Monnier et Jean Francois Duroure sont magnifiquement servis par ces deux jeunes artistes.

Comme les spectacles de Pina Bausch, la marque du temps ne fait pas d'ombrage à ces créations et le travail de la continuité y trouve tout son sens.

Nous ne sommes pas dans des principes de rentabilité mais dans une transmission de créativité durable.Je  me suis sentie  raffraichie. Un bon vent d'automne soufflait ce soir sur le théâtre de la Vignette.

Mathilde Monnier avait les joues couleur carmin, comme je ne l'avais jamais vu. 

 

Sylvie Lefrere

 

"Pudique acide/Extasis" de Mathilde Monnier et Jean Francois Duroure. Théatre de la Vignette du 8 au 10.11.11.

 

 

 

 

 

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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 13:58

Les discussions dans la file d'attente vont bon train devant le théatre. Tous les assidus sont là; Ils l'ont déjà vu dans leur jeunesse, sur un autre continent, plusieurs fois, la veille meme et reviennnent...Les amateurs du travail de la troupe de Pina Bausch, sont des adeptes , addicts de la première heure. Cela ressemble à un plaisir comme on en a peu; tel, qu'après on ne peut plus s'en passer.Je me demande vraiment ce qui m'attends...

Je suis ravie de me trouver au troisième rang , en plein centre. J'embrasse le paysage devant moi. Tout mon champs visuel est occupé.

C'est avec émotion et le souffle court, que je savoure cette soirée dés les premières minutes. La musique monte et  enveloppe , puis vous rentrez dans cette dimension lente et esthétique. 

L'orchestration du confort, du geste ample, de la fluidité des robes satinées ,deuxième peau pour tous les genres confondus.

Dés l'introduction, le public est considéré et invité à suivre ce spectacle unique.

L'artiste est au centre avec nous . Je ne fais qu'un avec la troupe et le public. C'est incroyable ce fluide...rien d'autre n'existe; tout est suspendu.Comme dans un reve.

Pendant deux heures, nous vivons une critique  forte et insidieuse de nos modes de communication, des travers de notre société avec ses abus de pouvoir.

Nous sommes pris à parti sans cesse. Nous faisons partie du jeu et le public dans sa globalité est respecté ce soir.

On nous parle, nous interpelle, nous reconnait et nous aime.

Quel bonheur partagé lors de ces grandes accolades distribuées par les artistes. Cette proximité provoque une joie immense.Je les respirais, les sentais comme un etre aimé, qui vous nourri.

Le parvis du théatre est noir de monde. Personne ne sort indemne et ne peut partir sans échanger sur ce qu'il vient de vivre.

C'est figitif , mais je sais ce que c'est le bonheur du spectateur. Cette dimension de pur plaisir ,et la richesse de la communion avec les artistes. Ma mémoire est habitée comme un beau souvenir d'enfance.

sylvie lefrere. Les oeillets de Pina Bausch.Théatre de Nimes  du 21 au 23.1011.

 

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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 23:43

Soirée expérimentale dans le laboratoire qu'est la Chapelle. temple religieux des années 70, au coeur  d'une communauté gitane,"recyclée" en lieu artistique.

Ce soir , une des premières présentations de l'année de programmation. Nous sommes une petite jauge. On se connait, se reconnait, s'ignore, se découvre.

1er RDV de l'aventure sensible, également , proposée par Julien Bouffier; Parcours de spectateurs sur l'année , dans différents lieux culturels de la ville et sous toutes ses formes(danse, cinéma, théatre, exposition...).

Nous sommes dans un mixage des genres. Toute un potentiel à relier.

Dans ce lieu, nous nous sentons dans de la ouate, dans un monde à part, alors que dehors, les mini-motos et les scooters  vrombissent.

 3 danseuses, vont nous déployer leur vision de l'absence. Leurs corps se tordent, debouts ,couchées, elles cherchent leur équilibre et regarde encore , ou tendent encore le bras vers l'etre fantomatique.

Qui est il, cet absent ? l'etre cher, la jeunesse, les illusions,les reves,la liberté...,?Le grand absent est l'autre, mais pour le trouver, ne faut il pas déjà se lacher soit meme? quitter ses repères ancrés, sa terre? 

Mais comment lever les souffrances, face à ce qui nous environne dans le monde?dévastations humanitaires, économiques...

Etape par étape, la déconstruction s'opère lentement. La musique, associée, remplie l'espace, rend palpable ce vide par du plein de l'objet son; accompagne en donnant ce rythme lent du processus, nécessaire au changement, à la prise de conscience.

Après le chaos, la période où tout est à batir, ensemble. A deux, à trois, on s'aime, se dévore .Les liens se créent. L'équilibre revient. Mais soyons vigilants et observateurs, car rien n'est jamais acquis.Le monde politique bouge, les perceptions des valeurs évoluent. Bientot seront nous des petits Poucets, comme le décrit un philosophe dans la presse ce mois ci?

Je ne peux m'empecher de rapprocher ce spectacle, au quartier et à ses habitants. Nous sommes dans un territoire spécifique ; après une phase de construction, nous sommes dans la perte du sens et la déconstruction.

C'est presque un schéma de société. Une ère de créativité a vieilli et la relève peine à arriver. Cette terrible absence, dans laquelle on se débat. Mais résister, c'est le propre du vivant. Du spectateur vivant, des arts vivants.

La seule ombre a cette soirée, c'est jouée dans l'éternel débat avec le public qui se présente dans le retour du processus  de réflexion du concepteur (interessant, mais, après l'expression du ressenti du public)

 

 J'espère ,la prochaine fois que les interactions spectateurs / artistes,seront telles, que chacun pourra  y puiser de nouvelles sources de reflexion pour leurs créations,leurs projets  à venir.img090914-164541

Sylvie Lefrere.
Theatre la Chapelle.Montpellier. "Exotes"Marc VincentCompagnie Artefactdanse.  13 et 14.10.11.
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