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6 mai 2023 6 06 /05 /mai /2023 00:35

 

Elle avance dans l'ombre à petits pas. La musique écrase sa langue et nous force à étirer notre audition à la recherche du fil de l'histoire. Son corps se découpe sur l'écran bleuté aveuglant. Ses bras se transforment en ailes de faucon, ses doigts deviennent crochus comme ceux d'une sorcière, pour se détacher avec grâce, se nouer, se délasser, les mains jointes tour à tour devant ou derrière. Visibles ou cachées.

Sa silhouette est celle d'une reine noire, déguisée en poupée Copélia. Elle incarne la force et la détermination. Sa posture est élégante. Elle trace son chemin. Elle y croise un roi, un amant, une mère, des servantes, des "Marie", des morts.

C'est une Reine qui danse sa vie en cadence, laissant de côté tout sur son passage. Suivent  dans sa traine ses deuils, ses combats. C'est une guerrière. Son histoire, elle nous la raconte avec un timbre sec et net. Elle avale des salves de mots dans sa boulimie de vie. Elle grimace, tire la langue, crie. Rien ne l'arrête. 

Elle déteste plus qu'elle n'aime. De son Ecosse à la France, elle porte sa révolte. Elle peut prendre des accents punks. Sous ses cheveux roux plaqués , elle martèle son parcours historique. Son regard est translucide comme un animal au sang froid. La peau de son  visage est lisse et nacrée, au dessus de la rigidité de son cou enveloppé d'une collerette fraise. Elle incarne son personnage.

Trois détonations, et elle nous fait franchir l'au delà. Elle exprime ses dernières volontés à la seule personne ressource, pour nous quitter en douceur dans une brume qui enveloppe nos pensées.

Isabelle Huppert nous offre cette Reine comme personne. De son petit corps, elle libère sa force de géante. Elle souffle son énergie en tempête. Le public était debout ce soir pour honorer son travail unique en 4 rappels. Isabelle nous a salué en jouant de ses petits gestes secs de volatile. Elle a souri malgré sa fatigue.

En fin de soirée, elle a traversé la véranda, les traits reposés, gaie,  entourée d'amis et de proches. Elle n'a pas hésité à nous saluer. Une attention que je n'oublierai pas.

Ce soir, nous étions tous un peu la Reine des iles de notre vie.

 

Sylvie Lefrere

 

" Mary said what she said" mise en scène  de Robert Wilson, à l'Espace Cardin ( Paris) du 13 avril au 14 mai 2023

 

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17 février 2023 5 17 /02 /février /2023 23:09

 

Ce soir, derrière les pierres chargées de mémoire du théâtre Les Bouffes du Nord, des murs sont tombés.

6 personnes, détenues, ont libéré leurs paroles. 50 minutes d'intensité.

Du haut de leur cellule, le toit est un livre ouvert dans lequel leurs mots tourbillonnent dans leur tête, écrivant  leurs nuits blanches dés la première page.

En rêve éveillé, ils nous déroulent leur fil de vie. Ils nous font rentrer dans leur intimité, du bord d'un puit pour toucher le fond.

Il y a eu un fait et tout à basculé. L'un a chuté. Un autre a explosé, et est une centrale nucléaire dans un bloc de béton.

Ces hommes et ces femmes qui n'ont plus de vision dans leurs 9 m2,  cherchent à s'échapper de leurs remords, de leurs peurs, de leur passé.

Ils se sauvent grâce aux retrouvailles avec leurs enfants. Leur coeur s'ouvre alors vers le futur. Les possibles sont transmis par leur chair.

L'amour des autres agit comme une boussole qui tente de gommer les chagrins.

Les murs dressés autour de ses détenu(e)s agissent en cellule de réflexion sur soi. Que faire pour ne pas devenir fou ? Penser aux bons moments du passé, prendre conscience d'où on vient, et de la fatalité  quand l'environnement est rude, être à l'écoute et compter les jours qui restent pour imaginer un avenir.

Entre ces 4 murs, pas de paysage. Pas d'arbre. L'imaginaire les rappelle. Le souvenir de la beauté d'une clairière permet de tenir.

Entre tous ces murs, pas de perspective de rencontre. Pas de peau à toucher. Le manque efface ce corps et ouvre ses meurtrissures. Le contact du dos contre un mur renvoie à  l'être aimé. Tout est froid.

Leurs muscles se tendent, leurs cheveux flottent, leurs yeux s'évadent. Ils se ré incarnent.

Ces 2 femmes, ces 4 hommes, ouvrent leurs regards au moment des applaudissements. Un souffle de renaissance apparait.

Dans le public, les corps se lèvent, les mains claquent, les yeux sont humides. Nous soufflons un vent de liberté vers le plateau où une bâche bleue est tendue. L'horizon d'une mer où l' expérience avec Pascal Rambert leur laissera une empreinte jusqu'à la fin de leur voyage. 

Je me souviens de " Clotûre de l'amour" il y a quelques années.

Je me souviendrais de " Je te réponds" pendant un bon nombres d'années.

En écho, leurs mots ont infusé en chacun de nous, et je leur réponds:

" Merci pour ce fruit de travail d'écriture, qui j'espère vous permettra de libérer votre potentiel et de faire tomber les murs autour de vous"

Sylvie Lefrere

" Je te réponds", récits de 6 détenus écrits avec Pascal Rambert

17 fevrier 2023, au théâtre Les Bouffes du Nord à Paris.

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25 janvier 2023 3 25 /01 /janvier /2023 21:21

 

Le quartier de Belleville héberge des pépites. Dans la rue Mont Louis, un excellent bar à vin Le Yard et son cheffe cuisinier  dans le restaurant contiguë. Une façon d'ouvrir ses sens avant d'aller au concert au Pan Pipper dans l'impasse voisine.

Ce soir, au programme découverte de La Pieta, dont j'ai souvent entendu parler à Sète, et retrouvailles des Montpellierains Dimoné.

La scène est tapissé de lourds rideaux rouges, ceux qui forment des rouleaux de vagues dans leurs replis. La lumière crée une ambiance intime  de cabaret. Quelques tables sont disposées au  bord, parfait pour apprécier le spectacle. Le piano à queue ouvert travaille mon imaginaire, et j'y vois dans son reflet un vaisseau marin de science fiction.

La Pieta, Virginie pour les habitués, sort de l'ombre et nous laisse apparaitre son sex-appeal. Poitrine présentée comme sur un plateau, taille marquée par une guepière, dos lacé, jupette à volant courte laisse apparaitre ses jambes qui se terminent par des bottes  bien plantée dans le sol.

Dés les premières notes, elle nous saisit par ses textes d'une mélancolie sur le fil du rasoir. Elle racle ses souvenirs passionnées et parle de ses doutes, de ses gadins. Elle est entière La Pieta quand elle aime. Elle nous déploie sa grâce dans les ombres lumineuses,  et révèle ses cris et ses coups de gueule sous les projecteurs. Rageuse, elle tape des pieds. Tendre, elle joue du regard, attentive à Thomas son pianiste. Réactive, elle secoue le public Parisien, trop mou à son goût. Elle ne mâche pas ses mots de toutes ses dents de louve, et elle vient nous chercher pour chanter encore plus fort et nous permet de vibrer ensemble!

Elle porte son histoire intime, vraie ou contée, et nous la clame. Son timbre de voix devient affectueux quand elle remerciera sa maman, présente pour l'occasion.  Elle est mi ange/ mi démon. L'artiste qui l'a invitée à venir pour la première partie, justement s'appelle Dimone.

C'est un duo, Dominique et Jean Christophe. Je ne les avais  pas revu depuis 5 ans environ. Après ces nombreuses années de groupe Dimoné, ils se sont consacrés, chacun de leur côté, à d'autres projets personnels. Ce soir c'est la retrouvaille de leur alchimie.

Dominique ne porte plus de jean noir 501, ni de blouson en cuir. Il a toujours ces bottines noires qui accompagnent ses pas.

Jean Christophe a gardé sa chevelure frisée d'enfant, son foulard noué et ses pieds nus, en Roda Scott masculin.

La finesse et l'élégance naturelles  réunissent les 2 hommes. Ils se connaissent bien et d'un seul regard ils se comprennent. Dominique exprime à Jean Christophe son amour, sur le ton de l'humour, mais il a peut être la sensation que leur amitié créative vaut de l'or et suscite cette émotion.

De nouveaux textes pénètrent dans  nos oreilles, coquillages qui gardent le souffle entre chaque paragraphe. Une pointe d'autobiographie se révèle entre les lignes. Les mois de confinement ont alimenté les pensées, les réflexions, les pensées, les relations. La vie file, les vagues roulent, et leurs mouvements appellent des mouvements sans aller et retour.

Le duo des deux amis s'est équilibré. Le pianiste a autant d'importance que le chanteur. Il n'y a plus de guitare électrique. Un travail épuré, de textes travaillées en musique. Une ambiance de cabaret remplie de voiles lumineux qui appuient leurs expressions,  rendant leurs moindres gestes centraux.

Les sonorités des deux  chansons d'anciens répertoires, semblent façonnées par le temps. Elles résonnent dans l'actualité d'aujourd'hui

" C'est la guerre autour de nous , mon amour.. " Je réalise en une fraction de secondes comment tant de choses se sont passées depuis ses premiers refrains joyeux, à l'époque...

Dominique regarde Jean Christophe régulièrement, le taquine, se rapproche pour un partage des touches du piano de façon endiablée. Sacré Dimoné!!  Il reste un enfant du Sud, et plonge avec plaisir sous le piano,  partant en glissade sur le plancher.

Dimoné, démon en Occitan, nous aura diablement apporté leur générosité créative. Les mots font des montagnes russes dans les rimes métaphoriques de Dominique, enveloppés des notes de musique imaginées par Jean Christophe, discret prince musicien amateur de symphonies.

Le public Parisien leur a montré toute leur admiration et leur affection pour certains. Ce vent du Sud a balayé notre grisaille hivernale pendant une soirée, et c'était Bien!

Sylvie Lefrere

 La Piéta en première partie de Dimoné , à la salle de concert Pan  Piper

23.01.23

 

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15 janvier 2023 7 15 /01 /janvier /2023 22:30

Ma première rencontre avec ces  musiciens était  dans la cale de la  péniche Anako sur le bassin de la Villette. Paolo Conti et David Chalumeau avaient retenu mon attention par leur sens de l' accueil et leurs potentiels musicaux.

Depuis, j'ai découvert au hasard de mes chemins leurs complices, Cory, René, Kanis and Lou, puis Daniel etc. sans savoir qu'ils se connaissaient.

Le concert de ce soir à La Dame de Canton est une belle occasion de les retrouver réunis. La musique qui a résonné au coeur du bateau, nous a fait tanguer de plaisir.

Kanis and Lou, ont déroulé leur répertoire de musique Hawaienne. Lou a un timbre de voix suave qui vous embarque instantanément. Paolo joue avec application et laisse résonner les notes en vagues. Nous percevons leur amour de ce pays et des continents voisins. Chaque chanson est un voyage qu'ils nous racontent.

Cory est bavard avec le public. Il se sent en famille. Son sourire irradie du fond de  la salle à la scène. Il chaloupe avec le plaisir d'un enfant et vibre aux sonorités traditionnelles de l'Afrique à la Louisiane. Son histoire Americaine fait écho.

Ces complices sont d'excellents musiciens. Daniel Mizrahi qui effleure avec élégance les cordes de sa guitare, et nous fait plonger instantanément dans un univers de Rock délicieux. Lucas Henry, jeune contrebassiste, qui porte son instrument penché avec une profonde tendresse, apporte la touche d'émulsion au groupe. Robby Marshall nous enchante avec sa clarinette, instrument qui inscrit la note de Jazz sur cette scène Folk. David Chalumeau, magnifique harmoniciste, toute en humilité et en chaudes mélodies.

Cory est heureux. Il est fédérateur et sa joie est communicative.

Malgré le crachin pluvieux à la sortie du concert, les gouttes de pluie glissent sur nos visages, en brumisateur de nos coeurs réchauffés par ce moment si chaleureux.

 
Sylvie Lefrere
 
Concert à La dame de Canton de Cory Ceznec et Daniel Mizrahi , Lucas Henry, Robby Marshall , David Chalumeau
Invités en Première partie Kanis and Lou
Le 12 janvier 2023
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15 janvier 2023 7 15 /01 /janvier /2023 21:22

Maguelone Vidal, musicienne singulière, cherche en permanence des sujets inattendus. Il y a 10 ans, elle créait avec le chorégraphe Fabrice Ramalingom  " Le coeur du son". Ce soir, elle nous  réuni face à son  homonyme, Maguelone Vidal architecte. Nous allons écouter leur histoire, et celle qui  se prolonge jusqu'à nous toucher dans ce que nous sommes, au plus intime.

Les 2 Maguelone  jouent en joutes verbales, en jeux de rôle et questionnent de plus en plus loin. Qui suis je? qui es tu? qui sommes nous derrière notre nom au fond?

Dans ce constat du non choix, " Comment je m'appelle", nous  avançons  sur le chemin de leurs questionnements. Qui m'appelle...?

Les micros sont distribués dans le public à des spectateurs.  iIs se révèlent avoir une assurance inhabituelle. Ce ne sont pas des amateurs?  Ils sont comédiens,  chanteurs, narrateurs,  historiens de leur origine?  Ils développent un lien qui  nous rassemblent en nous nommant. Nous faisons corps.

 Surpris au début, l'émotion s'installe à nos dépends. Nous nous regardons, ils nous regardent. Le volume sonore prend de l'intensité. Les mots se tordent, les timbres de voix montent dans les aigues ou dans les graves jusqu'à devenir ceux de fantômes monstrueux ou des murmures de consciences. La langue et les lèvres claquent en instrument de Beat box. Maguelone devient cheffe d'orchestre, et lance en magicienne ses signaux pour créer une symphonie du coeur des âmes.

Nous, public, sommes fascinés, interloqués. Certains lycéens rient, mais restent attentifs à chaque rebondissement de cette performance inattendue.

Nos pensées se plongent dans notre intime. Je m'appelle...Le choix de mes parents, un prénom reflète une époque. Nous nous tournons vers un passé, vivons un présent le regard tourné vers nos voisins spectateurs, vers les acteurs. Girouette de nos vents poétiques. La questions du genre apparait dans cette quête de sens et tient sa place dans une humanité simple.

Maguelone musicienne, et Maguelone architecte, sont deux et forment un tout avec les femmes, les enfants et les hommes présents ce soir  dans  la Maison de la Musique de Nanterre. Elle devient un toit où nous  sommes au  coeur de l'âme de notre société. Les yeux brillent, les mains se rejoignent, les coeurs battent, les pensées fusent. En liberté de vouloir être. Nous sommes liés par le collectif d'un soir.

Sylvie Lefrere

" Qui m'appelle" mis en scène par Maguelone Vidal

Maison de la musique de Nanterre

12 et 13 janvier 2023

 

 

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19 octobre 2022 3 19 /10 /octobre /2022 23:28

Ce matin, je savais que je ne me levais pas pour rien. J'allais écouter le texte " Pueblo" d'Ascanio Celestini, incarné par David Murgia. Ils sont tous les deux maitres de l'oralité.

Ascanio traite le verbe comme personne. De ses ritournelles incisives sur le monde qui nous entoure.  

David porte le verbe comme personne. Un rythme où lui seul a le secret du souffle à impulser, dans toute sa fraicheur juvénile.

Pour " Laika", le précédent spectacle, je m'étais réveillée en pleine nuit avec une pulsion d'écriture. Cette fois ci, je ne me coucherai pas sans écrire après avoir vécu " Pueblo".

Ce village, il est un peu le nôtre. Celui de notre enfance, de notre quartier ou de notre cité, de notre famille ou de nos voisins.

Le film " Sans filtre" a été primé au festival de Cannes 2022, pour saluer son regard sur les riches. Je décerne ma palme intime à l'oeuvre d'Ascanio Celestini ! C'est un auteur qui dévoue son écriture aux petites gens, au peuple. Il est proche de Pasolini dans sa démarche. Il a choisi un mode narratif sur le timbre de la ritournelle. Nous rentrons dans son histoire comme dans un conte pour enfants.  Il nous donne à voir à partir d'une petite lucarne,  et en ouvrant notre champs visuel jusqu'au fond d'un entrepôt. Nous sommes emportés par la musicalité des mots, doux et percutants. Un musicien, Philippe Orivel, accompagne et complète de sa musique en live. Faisant écho aux verbes, David fredonnera quelques chansons fraternelles en Italien. De ses  yeux sombres et pétillants, il nous invite à rejoindre ces habitants, du haut du ciel de la ceinture de Van Allen jusqu'aux fonds sous marins.

De derrière une fenêtre, bien différente de " Fenêtre sur cour" d'Alfred Hitchcock, nous suivons la vie de 2 femmes tout d'abord. L'histoire part de son point A, pour nous emmener jusqu'à des points imaginaires. Le monde des voisins. L'humilité et la beauté intérieures se révèlent à la façon du développement d'une photo. Nous sommes dans une pièce noire, et un spot rouge révèle l'image peu à peu, pour nous émerveiller de cet inattendu.

Aux croisées des mots, nous rencontrons Léonore, Reine de la caisse, Dominique, la locataire de la maison en plastique, Said manutentionnaire Africain, le Gitan qui fume depuis ses 8 ans, la femme du bar des machines à sous, etc...

Tous ces personnages tracent leurs parcours sous nos yeux, dans les moindres détails, au milieu des policiers, des bonnes soeurs, des parents, des personnes qui jouent de leurs petits pouvoirs. Léonore, Dominique, Said, restent droits dans leurs dignités. Ils croisent des ombres, des fantômes, des dieux, l'amour parfois. La voix off de Diego ponctue ces chemins.

Des larmes  coulent face au  suicidé qui a décidé de mourir. Rappel qu'il est important de respecter son choix. Le coeur se serre face à l' enfant qui se redresse et réagit avec ses petits moyens, pour faire  face à son "abuseur".

Je ne regarderai plus de la même façon tomber la pluie, depuis que j'ai entendu que les indiens entendaient le son des  pas de leurs morts.

Ce soir était un de ces soirs où on sent que c'est un grand moment de notre vie, car on n'oubliera pas d'oublier.

J'ai entendu  aussi une blague qui m'a rendu heureuse, car j'ai ris.

Ascanio et David, tandem précieux qui nous rend nos vibrations d'êtres humains, tout simplement un grand merci.

Sylvie Lefrere

" Pueblo" d'Ascanio Celectini, au théâtre du Rond- Point, du 11 au 23 octobre 2022

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3 avril 2022 7 03 /04 /avril /2022 12:16

Un seuil de départ ou d'arrivée?
Un feu nourricier ou destructeur?
À la vie, à la mort. L'amour de vivre et d'être ensemble sont nos flammèches.

Aujourd'hui, où en sont les brindilles frottées entre deux silex?
Le point de départ. Un feu, dont le  foyer  a apporté aux hommes préhistoriques la chaleur, la cuisson des fruits de leurs chasses.
Depuis s'est répandu un grand feu de joie rassembleur. On en rêve, nous qui avons été tant privés de chaleur humaine, de relations sociales, de danse...
Le feu brûle en nous, silencieusement, à travers nos émotions.
Tout part d'une étincelle qui se propage en flammes vacillantes. Leur danse nous fascine. Elles changent de couleur. Elles s'élèvent, dorées, en soleil naissant pour atteindre le rouge brûlant des braises.


Du bois brûlé, des créations peuvent apparaître. De son noir luisant comme un morceau de charbon, la lumière des tableaux de Soulage apparaît.
J'ai une envie d'être cartomancienne, de lire l'avenir dans ce bois noirci.
L'expression dit qu'on renaît de ses cendres. Mais pourquoi nos êtres aimés, aux corps disparus, incinérés, ne reviennent ils pas?


Ils sont devenus poussière, blanc cassé, couleur nacrée de leurs squelettes, qui partiront se disperser dans chaque recoin de cette terre qui les a nourris. En retour, ils feront fleurir nos souvenirs pour toujours, sur les petits tas de mousse, les crêtes des vagues. Nous pourrons alors respirer les effluves des flammes des vivants éphémères, continuer d'avancer, accompagnés de nos fantômes, et se laisser mourir à petit feu.

 

Sylvie Lefrere

5 mars 2022

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3 avril 2022 7 03 /04 /avril /2022 12:07

 

 
Avec ses grandes dents…
Je lui envie ses crocs blancs.
Avec ses grands yeux…
Pourra t’il voir le monde du fond de sa forêt?
Avec sa grande bouche...
Méfiez vous de ce dévoreur d’amoureuses.
Avec ses grandes jambes…
Il ne pourra pas marcher sur mes plates bandes
Avec son grand manteau…
il restera enveloppé de son sang glacé
Avec ses grandes bottes...
iI lui en faudra courir des lieux pour être heureux
Le grand méchant loup
on peut le croiser au détour d’un chemin.
Il a une haleine fétide
Il n’est pas très  malin
On ne lui prête plus attention
Pas de peur
Pas de crainte
Pas de frisson
Pour celui qui est sournois
Qui agit par interêt
Qui  ne pense qu’a remplir sa panse.
A la sortie du bois
le plaisir d’avancer
et d’être entouré
de mammifères de confiance.
Un loup doux
Un loup patient
Un loup joyeux
Un loup vif
Aussi solide qu'un roc
Pas un loup qui saigne à blanc,
Mais un loup noble
Un chevalier des temps modernes
Sur qui ont peut compter et se reposer,
en paix.
 
Sylvie Lefrere. 
26.01.22
 
 

 

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5 mars 2022 6 05 /03 /mars /2022 16:55

 

Il ressemble au père Noel dont on a toujours rêvé, au peintre Monet dans son jardin, au grand père artisan qui a vécu au 19 ème siècle.
C'est pourtant un homme de son temps.
je l'appellerai Em. Il a eu une vie active pendant plusieurs années.  Une façon d'avoir construit son coussin pour exprimer sa passion aujourd'hui, le vêtement ancien populaire.
EM. est une personnalité.  Il capte avec son bagout. Il a une grâce naturelle vêtu de ses créations ou de son sens unique de mêler et de détourner les matières.  Il ouvre sa curiosité vers les autres, de ses grands yeux d'enfant ravi. Il invite aux interactions entre les personnes qu'il regroupe, avec quelques amis passionnés comme lui, dans des lieux insolites éphémères : Péniche, boucherie, atelier, échoppe du moulin de la Galette.
Il vient de trouver le lieu où il a eu le coup de coeur pour poser "ses valises". La boutique habitée par des générations de tailleurs Arméniens. Son origine Grecque n'a pas pu résister.

Il a  ouvert en créant l'événement de " vide boutique", suscitant le rêve de gosse de nombreux de ses clients, en liquidant le stock de vêtements méthodiquement . Il lui aura fallu deux mois pour le transformer en un lieu de convivialité comme on en fait plus. Il y a apporté sa touche personnelle haute en couleurs, en laissant libre cours à son gout pour les arts et les mélanges insolites. Les curieux y pénètrent attirés par l'originalité esthétique des vitrines. La plupart des clients ne font pas qu'y passer. Ils y restent facilement  1h pour essayer les créations uniques et échanger avec son propriétaire. Une base de belle étoffe de vêtements de travailleurs, de fin 19 ème/ Début 20 ème, usée par les longues heures de labeur, et éclairée par le" R" touche personnelle des créations  de "Reve de gosse", des dessins mettant en valeur l'ambiance Parisienne et ses lieux mythiques, de matières différentes savamment assemblées . Les modèles peuvent être  parfois des répliques de vêtements anciens, qui en révèlent une élégance pour aborder notre 21 siècle en une tenue unique.
"Reve de gosse" est devenu en quelques mois un lieu rassembleur joyeux, pluri générationnel et créatif.
Le lieu va s' enrichir grâce à toutes ses rencontres. Nous allons suivre avec attention son évolution vers le plaisir de la création, de la mode, de la littérature, des mets  goûteux. Une façon d'imaginer le monde d'aujourd'hui en s' appuyant sur notre histoire populaire et sur le brassage des savoirs faire.
Merci à Em. Dixit "Reve de gosse"

Sylvie Lefrere

5 mars 2022.

" Reve de gosse", 18 rue de Picardie, 75003. Paris

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24 février 2022 4 24 /02 /février /2022 23:38

Philippe Lafeuille, chorégraphe de la compagnie Chicos Mambo, développe une expression artistique singulière.

Les danseurs nous entrainent dans un univers décomplexé de l'opéra de Carmen. Ils sont un/une, ensemble, dans une poésie inclassable qui brasse tous les genres. De l'humain, dans ses rapports de séduction ou de force, dans son rapport avec l'animal, la culture espagnole virevoltante en danses, et en verbes.
Dans cet océan de couleurs, les femmes se couvrent de voiles. Les cultures des genres se brassent. Les hommes se parent de robes et de tutus, puis endossent le gilet avec élégance, jusqu'à se mettre à nu. Ils sont beauté. Ils sont .
Nous découvrons tout à tour la grâce des enfants, la vivacité des clowns, la force de caractère des femmes. Des Carmensitas. Ils révèlent une spontanéité joyeuse.
Des corps musclés se distingue avec brio la légèreté ludique de l'un, ou la virtuosité du claqueur de talons aux yeux de biche.
La chorégraphie nous offre pendant une heure et demie une succession de surprises et d'émerveillements.
Les costumes sont dignes des défilés de grands couturiers.
Le travail avec l'image habille l'écran, ouvrant des perspectives à notre regard sans jamais découvrir le travail des danseurs.
Pour le final, Philippe Lafeuille nous invite à nous "Carmeniser" en nous faisant collectivement valser. Le public devient instantanément, en confiance, un flot de petite vagues qui se transforme en marée humaine. Son mouvement est à l'image des émotions, dans un plaisir partagé.
Le lourd rideau de velours est retombé, mais chaque spectateur, petit ou grand, quitte la salle avec un pas léger en chantonnant.
Une famille, parents et leurs 3 enfants, est présente pour la 6 ème représentation de la compagnie Chicos Mambo. Un monsieur dit " ce spectacle devrait être remboursé par la sécurité sociale".
Car/men, est un spectacle qui créé un espace où la danse se lie avec le rire, la poésie, le merveilleux. Il nous donne une vision sur un horizon ouvert, une liberté d'être et de penser.
Merci pour ce moment de bonheur.
 
Sylvie Lefrere
" Car-Men" mis en scène et créé par Philippe Lafeuille . Actuellement au Théâtre Libre à Paris jusqu'au 20 Mars 2022, puis en tournée dans toute la France
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