Il sont 17. Nous oublions les traditionnels 12 hommes en colères, pour découvrir ces 17 jeunes étudiants, filles et garçons, aux beautés singulières. Ils représentent une certaine jeunesse d'aujourd'hui. Celle du bord de notre frontière. Dans un pays neutre. Ils sortent de leur tour d'ivoire pour atteindre les rives du sud. Tiago Rodrigues les a accueilli de l'autre côté des frontières, de l'autre côté de la mer Méditerranée, où naviguent tant de migrants. Pour gagner du temps, ils ont prit l'avion pour cette dernière expérience de promotion.
" On est pas sérieux quand on a 17 ans " écrivait Rimbaud. Du haut de leurs vingtaines d'années, ils ont décidé de partir de la notion " ça ne se passe jamais comme prévu".
L'avenir n'est pas tout tracé pour ceux qui prennent des risques. Leurs regards sur l'avenir va courir dans les ruelles de Lisbonne, ville perspective, qui du haut de ses Belvédères, ouvre le regard sur l'embouchure lumineuse du Tages. Ces jeunes gens en sont là. Ils sont sur la rive, à l'entrée de leur vie trépidante, ouverte sur l'immensité de la mer à leurs pieds. A eux de prendre le large et d'apprendre à naviguer, contre vents et marées.
Avant de partir, 16 lettres découvertes dans un tiroir sont le prétexte de dire "Adieu". Ils partent tour à tour sans se retourner. Entre joie, colère, mélancolie, ou danse libératoire.
" A dix sept ans, on est pas sérieux", mais ils sont dix sept à nous décrire cette ville phare, celle des départs d'explorateurs vers le grand monde. A travers ce témoignage générationnel, l'écriture d'une femme d'un autre âge transparait. Dans ses yeux délavés on devine les mains qu'elle décrit, si fines. On peut humer l'odeur des feuilles. Tous les sens en éveil, on retrouve le plaisir de marcher le nez en l'air dans une ville inconnue, où tout est possible. Le parcours sera long. D'heure en heure, de jour en jour. Notre regard se noit dans leur paysage, et nous traversons à travers ces lettres, notre propre parcours. Pour atteindre le jardin extraordinaire.
La joie, la colère, la mélancolie, et la danse libératoire enfouie, nous envahissent.
Leur jeunesse nous donne de l'énergie. La vision nous la forgerons dans le temps, en confiance, dans les allées de nos jardins exotiques.
Nous sommes tous des Lisboeètes, des explorateurs, et l'avenir reste ouvert sans crainte.
Adieu aux peurs de l'enfance, et Vive les perspectives et les surprises à venir! Nous en sommes tous acteurs, car " ça ne se passe jamais comme prévu".
Sylvie Lefrere
" ça ne se passe jamais comme prévu" de Tiago Rodrigues/ La Manufacture- Hautes école des arts de la scène, au Printemps des Comédiens à Montpellier le 29 et 30 juin 2018.